Vendredi 25 octobre 2013 [19:41]

C'est vrai, je vous raconte jamais ce que je vis au boulot. Mais en dehors du fait que je me fais tabasser, cracher dessus, insulter, arracher les cheveux et autres péripéties toutes aussi folles, je vis des trucs géniaux. Et j'ai des collègues en or.

Un enfant, dont je n'ai pas la charge, mais qui semble me porter de l'intérêt parce qu'il m'interpelle de temps en temps et de plus en plus souvent, vient me voir aujourd'hui. Il me demande de l'emmener faire caca parce qu'il n'est pas encore tout à fait autonome au niveau de l'essuyage. Je m'exécute, touchée par la demande. Et de loin, j'entends mes collègues:
"Comme quoi, elle fait vraiment chier K."
Fou rire.

Je voulais vous raconter autre chose, avant de partir en vacances. Mais du coup, ça attendra. Encore.

Vendredi 1er février 2013 [19:27]

"Relativise sinon tu vas jamais t'en remettre"

C'est ce que mon Chat m'a dit (= mon meilleur ami). Et puis quelques jours après, il m'a envoyée une lettre pleine d'amouritié. Il a pas tort c'est clair, mais pour l'instant, c'est pas possible. Pourtant, s'il y a bien quelque chose que je n'oublie pas c'est d'où je viens. Mon permis et mon boulot, j'en reviens toujours pas. Non, j'ai toujours pas réalisé. Ou si. Parce que se sont les deux plus belles choses qui pouvaient m'arriver. Je me lève avec la grimace le matin mais une fois dans ma voiture, je me rappelle qu'il est interdit de faire ça. Le salaire vient d'arriver sur mon compte et aussi petit qu'il soit, il fait du bien.

J'fais presque bien semblant d'aller bien mais en vrai ça va pas. Je suis dans l'impasse avec deux enfants dont j'ai la charge et c'est très² difficile. Ce sont tous les deux des enfants psychotiques dont je vous passe les détails mais lorsqu'ils sont en crise, ils s'auto-mutilent violemment en allant jusqu'à s'arracher les cheveux par poignée, se cognant violemment la tête par terre ou contre les murs, urinent et défèquent sur eux, j'en passe et des meilleurs. Et je peux vous dire que s'en occuper ne serait-ce qu'une heure et demie par jour, c'est déjà épuisant. J'ai eu un entretien avec la psychologue ce soir qui m'a donné quelques conseils que je compte appliquer dès la semaine prochaine mais je suis effrayée. 
J'en rêve la nuit. Cette nuit, ils baignaient tous les deux dans une marre de sang. La nuit d'avant, ils étaient devenus des sortes de vampires et s'entre-tuaient tous les deux.  Nice, hein ?
La cadre a remarqué que ça n'allait pas alors elle est venue me parler ce soir mais dans l'genre j'te caresse dans le sens du poil, ya pas mieux.

J'ai plein d'autres choses à vous dire mais pas ici. J'suis complètement perdue et je sais pas comment m'en sortir. Chou ou Lady, si vous passez par là, vous comprendrez sûrement. Quelques autres aussi sûrement d'ailleurs. 
Le problème, c'est qu'il y a du nouveau.

Le weekend prochain, je rentre dans la ville dégueulasse. J'ai tellement de choses à y faire que je sais même pas si j'aurai le temps de tout faire. "Oublie pas ta carte bleue !" qu'elle m'a dit Pinou (= ma soeur). Hm, hm.
Et puis la semaine qui suit, je serai seule puisque mon cher et tendre a décidé de partir une semaine en Californie. Rien qu'ça !

J'ai une semaine de vacances en mars. Du coup, Poupinou a posé les siennes et on se prépare quelques jours de vacances tous les deux, ailleurs, pour la première fois depuis trois ans et demi.. Comment ça, ça craint ? On hésite encore entre Concarneau, Saint Malo et le Mont St Michel.

Ce soir, on va boire un verre avec les copains et j'imagine, que ça va me faire le plus grand bien.

Jeudi 17 janvier 2013 [20:53]

Je profite d'être seule ce soir pour vous donner un peu de nouvelles. Après avec connu l'apogée, l'orgasme du bonheur, on va dire que c'est vite redescendu. Je vous avais laissé sur le fait que je devais intégrer la pédo psy le 7 janvier. Ca s'est fait jusqu'au .. 8. En deux jours, j'ai vécu des trucs hallucinants. J'avais l'impression d'être dans le service depuis des années, en une matinée, tous les gamins étaient sur mes genoux à me faire des câlins, des bisous, à tous vouloir manger avec moi. "Tu t'mets à côté de moi !" qu'il m'a dit Y.. Je voyais mes deux collègues comme des amies. On s'envoyait/envoie des sms le soir, je connaissais leurs vies, on se tapait des fous rires de fou. On a emmené les enfants à la piscine et se promener dans les bois, le long du "canal de Nantes à Brest".. Bref, c'était de la folie. Et puis le 8, en fin de matinée, le cadre sup' m'appelle pour me dire que je vais échanger de poste avec une nana qui est à 80%.. Je vous passe les détails mais bien sûr que dans la logique des choses, c'était carrément mieux de faire comme ça mais j'aurais voulu que ça se fasse avant. Là, c'était comme si j'avais juste léché la sucette et basta. Pas le droit de la manger. Même mes collègues ont tiré une tête de trois kilomètres de long quand elles ont apprit que j'allais les quitter. L'orthophoniste et la psychomot' sont carrément descendues pour me dire au revoir..
Alors je suis toujours en pédo psy mais dans un autre service et j'ai énormément de mal à m'y faire.. J'ai été énormément contrariée au point d'en être malade. Je me suis tellement renfermée que je n'ai pas du tout envie de m'investir. Je reste distante avec mes collègues, avec les enfants et je vois bien que ça va pas du tout. Ma cadre l'a remarqué et je lui ai fait part de ma contrariété. Elle m'a dit de me laisser un peu de temps, que c'était normal. Et puis avec les enfants, c'est très² compliqué. Le fait d'introduire une nouvelle personne dans leur vie est quelque chose de très² difficile pour eux. Ils sont tellement persécutés, envahis, perturbés, ritualisés.. C'est la première fois que j'me dis que mon métier est difficile, psychologiquement. Là, je le ressens vraiment. Ce sont des enfants très² malades. Avec qui il faut énormément de patience, de savoir faire. Il faut sans cesse se positionner, savoir se mettre en retrait, savoir leur parler, savoir communiquer avec eux, être le médiateur.. Les repas thérapeutiques sont une grande épreuve pour certains. Ils contrôlent les entrées, les sorties.. Je n'ai pas mon emploi du temps sous les yeux mais c'est très formalisé. Chaque heure est consacrée à un enfant, une activité et il est impossible de prévoir autre chose tellement qu'ils ont besoin de repères. J'ai cinq enfants à charge. J'aurai l'occasion de vous reparler en détail de tout ça.

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Ma cadre m'a inscrite à une formation de trois jours sur la "manutention des patients". Etant donné que j'ai à charge un enfant autiste qui marche avec de grandes difficultés, elle a trouvé bon de m'y inscrire pour savoir comment me positionner pendant mon aide à la marche.
Mes collègues sont sympas mais ça restera de l'ordre du professionnel, je me vois absolument pas développer une quelconque relation d'amitié ou autre. Même si on a prévu de se faire un resto toutes ensemble un vendredi soir..
L'amie dont je vous parlais ici, fait ses études d'infirmière dans l'hôpital où je bosse. Alors demain après le boulot, on s'est donné rendez-vous dans un café pour prendre le goûter ensemble et puis pour que je l'aide pour son mémoire. Ca va me faire du bien de la revoir parce qu'elle m'a beaucoup manqué. Et puis pourquoi pas renouveler souvent ce genre de rendez-vous, manger ensemble au self de l'hôpital et mettre un peu de rose dans mon emploi du temps.

Sinon oui, je suis malade. Pour l'instant ça évolue pas trop mais j'espère que ça restera comme ça. Je suis totalement débordée. J'me lève, je vais au boulot, je rentre, je mange, je dors. Je suis extrêmement fatiguée. Je n'arrive absolument pas à trouver mon rythme. Et puis mes deux heures de voiture par jour me crèvent. Le weekend, je continue mes postes de secours à la Croix Rouge, je suis conviée à trois milles réunions, je dois déjà refaire un recyclage de mon diplôme de secouriste, le plan grand froid est encore déclenché donc les maraudes c'est tous les soirs, enfin bref.. Du coup, une journée de repos par semaine, ça passe très très vite.

Je retourne dans la ville dégueulasse le weekend du 8 février. J'en ai pour 135€ et ça me troue le cul. Je suis criblée de dettes, vivement le salaire.. Mais ça va me faire énormément de bien de retrouver les miens ainsi que ma meilleure amie..

Voilà, c'est à peu près tout pour le moment. Quand j'en aurai plus le temps, la motivation, l'envie, la force, l'inspiration (Rayez la mention inutile.), je vous en dirai encore plus et je développerai tout ce qui a été dit au dessus. En attendant, portez-vous bien mes petits astiCow ! (Et merci pour vos gentilles pensées.)

Samedi 22 décembre 2012 [13:07]

Bon allez, je prends cinq minutes pour vous écrire aujourd'hui. Parce qu'après, ça va plus être possible. Je reprends le boulot demain matin jusqu'à vendredi prochain.

Par quoi commencer .. ? D'abord vous dire que je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau de toute ma vie. Je renais chaque jour un peu plus et toutes les fins du monde peuvent aller se rhabiller. J'ai été on ne peut mieux accueillie dans le service. Autant par ma cadre, que mes collègues, que tous les étudiants et encore les patients. Ils sont tous adorables et font tout pour que je me sente comme chez moi. Beaucoup de personnes partent, le service est un peu en deuil mais ça ne les empêche pas de me voir déjà comme leur collègue. Je suis déjà parfaitement intégrée à leur groupe. Ce sont que des jeunes infirmières qui ne dépassent pas la trentaine. (Il n'y a pas d'aides soignantes.) La cadre est très attentive, à l'écoute. Et j'ai enfin une tenue digne de ce nom avec mon nom et ma fonction.

Parlons maintenant du service. Il y a vingt patients. Dont deux qui sont vers la sortie donc en HDJ. (= Hôpital De Jour.) Ils sont pour la plupart atteints de schizophrénie, psychoses chroniques et autistiques. Certains sont là depuis des années et des années. Ce sont des patients pour lesquels beaucoup de choses ont été tenté dans d'autres unités psychiatriques sans grands succès. Je n'ai pas eu le temps de me plonger dans tous leurs dossiers mais forcément, leurs problèmes psychologiques ne datent pas d'hier, il y a tout un contexte familial derrière. Beaucoup de choses sont mis en place pour eux. Notamment pour monsieur L. le dernier arrivé, qui lui passe ses journées dans une ferme où il s'occupe des animaux. Pour les autres, des ateliers sont mis en place. (Ecoute musicale, cuisine, revue de presse, bien être, groupe de parole, création, etc..) Tout est organisé au long de la semaine. Ils participent aux tâches ménagères, ça fait parti de leur contrat de soin, ça leur permet de se responsabiliser. Pour certains, on gère leurs cigarettes, leur argent mais d'autres vont faire leurs courses tout seul. Nous avons une voiture à notre disposition pour les accompagner en ville quand ils ont de grosses courses à faire comme les vêtements, les ingrédients pour la cuisine, etc. Il y a des patients qui n'ont pas le droit de sortir pendant des horaires définies. Notamment un monsieur qui a des comportements sexuels inadaptés et qui sort à l'heure des sorties d'école.
Le service est neuf, il date d'il y a deux ans. Les locaux sont très grands, très beaux. Il y a une chambre d'isolement.
Ce sont des patients extrêmement demandeurs. Ils n'arrêtent pas une seule minute de la journée. Ils se mettent en file indienne derrière la porte du bureau infirmier et nous réclament à longueur de journée. Alors c'est épuisant. Psychologiquement épuisant. Et comme je suis nouvelle, ils en profitent pour me tester, pour tester mes limites et jusqu'où je peux aller avant la sanction. Il faut savoir garder cette juste distance et ça c'est le plus difficile. Etre ferme sans maltraiter. Je me suis déjà beaucoup trop attachée à certains et c'est pas bien du tout, du tout..
Pour les soins, il y a de tout. Une dame est amputée donc on lui refait son pansement de moignon tous les jours. On a des intramusculaires à faire pour certains, des prises de sang, donner les médicaments bien sûr.. Il va d'ailleurs falloir que je me replonge dans la pharmaco parce que je suis complètement dépassée pour certains médocs.

Je ne suis forcément pas encore tout à fait à l'aise mais ça viendra, je n'ai plus aucun doute là dessus. Je reprends petit à petit confiance en moi et ça fait du bien. 
Par contre, je suis clairement débordée et totalement épuisée. Il y a trois horaires:
- M = 6h45/14h50
- J = 8h/16h
- S = 13h30/21h15
J'ai deux heures de route à faire A/R donc autant vous dire que le matin, quand je commence à 6h45, je me lève à 5h et je suis dans la voiture au plus tard à 5h30. Et le soir, quand je finis à 21h15, autrement 21h30 parce qu'avec les transmissions, ya pas moyen de finir à l'heure, je suis pas chez moi avant 22h30. Et quand je suis de J, c'est une catastrophe parce que ça me pourri ma journée.. Demain, je reprends du matin. Ca va piquer. J'ai mon 25 quand même. Le 31 je suis du soir donc je sais pas trop ce qu'on va faire.
Poupinou est en vacances alors il s'occupe de tout ! Je rentre le soir, je mets les pieds sous la table. Hier, on a été faire les courses pour le repas du 24. On sera tous les deux. On a convenu qu'on s'achetait pas de cadeaux pour Noël alors on a tout mit dans la bouffe et ya de quoi se faire péter le bide ! Saucisses cocktail, saumon fumé, foie gras, escargots, manchons de canards, poireaux et une bûche de tarée qu'on a commandé en boulangerie.. Pas sûre que j'arrive à m'en remettre.
Mais je me plains pas, j'ai du boulot, je reprends petit à petit une vie active et c'est loin de me déplaire. Je m'étonne moi même à apprécier rentrer et voir la vaisselle du petit dej' qui traîne au fond de l'évier, le lit pas fait et le canapé dérangé. C'est con mais c'est ce qui fait que j'me sens bien.

Maintenant, j'ai un truc super important à vous dire. Lors de mon entretien, j'avais fait la demande d'un poste en pédo psychiatrie autrement dit de la psychiatrie pour enfants et on ne m'en avait pas reparlé donc j'avais conclu que c'était mort. Jusqu'à ce qu'hier, ma cadre m'appelle et m'annonce que ma demande a été acceptée et que je commence à bosser le 7 janvier ! Pour le coup, je change complètement d'endroit parce que c'est dans un hôpital de jour pour enfants qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres de là où je travaille actuellement. On est trois infirmières à travailler dans cet hôpital. Alors nous avons une voiture à notre disposition pour faire le trajet de l'hôpital général à l'hôpital de jour. C'est compté dans notre temps de travail et on y va toutes les trois. Du coup, j'ai appelé mes futures collègues hier et elles ont l'air su-per sympa ! On s'est donc donné rendez-vous le 7 janvier à 8h15 sur le parking de l'hôpital pour partir ensemble. On se tutoie déjà. Elles m'ont donné leurs numéros au cas où j'ai un souci que je puisse les joindre. J'ai hâte !!!
Je vais bosser là bas le lundi, mardi, jeudi et vendredi et le mercredi, je serai au CMP (= Centre Médico-Psychologique) de l'hôpital général vu que je suis à 100%.
Mais depuis hier, je suis dingue !!! J'y croyais pas quand elle m'a annoncé ça ! Et puis on est que trois infirmières donc un petit comité bien soudé je pense.. Bref, la vie est belle, vivement l'année prochaine !!!

Désolée pour ce pavé mais ça vous apprendra à être impatients ! Et comme je reviendrai sûrement pas, je vous souhaite à tous un Noyeux Joël !

Vendredi 21 décembre 2012 [12:36]

Je vais bien, tout va bien.

J'essaye de vous écrire le plus rapidement possible.. Merci tout le monde pour vos pensées et impatiences..

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