C'bon là ? On peut y aller ?
Bien !
J'en ai marre des choses formelles, bien rangées, bien classées. J'en ai marre d'être prise pour une conne, aussi. J'ai envie de tout foutre en l'air. Alors je vais le faire. J'ai plus envie de vous raconter ma vie mais de vous raconter la vie. J'ai envie de vous raconter tout ce qui s'est passé dans ma tête pour que je réussisse à en arriver là. Mais c'est pas possible. J'ai pété un plomb, voilà.
J'ai plus de boulot depuis je ne sais combien de temps. Je sais même pas si j'en ai eu un jour. Un vrai. Celui qui me permet d'exercer le métier que j'ai eu tant de mal à apprendre.
Le mail de vendredi a été celui de trop.
Financièrement, je m'en sors bien. Le problème, c'est que je vais bientôt atteindre les vingt heures de conduite et qu'il va falloir que je sorte les sous de mon compte pour me payer les suivantes. Ensuite, il me faut de l'argent pour me payer ma voiture. Mais avant tout ça, il faut que je
Alors voilà, j'ai claqué la porte de la Polyclinique. Personne ne m'a retenue. Personne ne m'a rien demandé. Personne ne m'a dit au revoir et j'en ai rien à foutre. Qu'ils aillent se faire foutre tous autant qu'ils sont. Et qu'ils crèvent quand leur réputation aura fait le tour de la région.
Il y a un rêve inaccessible que j'avais touché du bout des doigts il y a deux ans. Pour ceux qui s'en souviennent, j'avais décroché un stage dans un CMPEA. (Centre Médico-Psychologique pour Enfants et Ados.) Sauf qu'ayant raté mon examen pratique, il a fallu que je fasse une croix dessus. Une fois de plus.
Ca fait des semaines que j'me dis que je pourrais retenter ma chance. Parce que ça me tient beaucoup trop à coeur. Parce que je sais que j'irai au travail l'esprit libre et que là bas, je m'épanouirai comme jamais j'ai pu le faire. Les enfants, l'aspect relationnel et psychologique, c'est toute ma vie. C'est inné. Je serais capable de leur donner ma vie. D'ailleurs, c'est c'que j'vais faire.
Mais j'avais pas le courage de refaire mon CV ni de raconter ma vie sur une lettre de motivation. Et puis, il y a aussi le fait que je sors de l'école et que je suis morte de trouille à l'idée de perdre toute la technique que j'ai appris. Et d'être encore plus morte de trouille quand il faudra partir et reprendre le chemin d'un service dans un hôpital. Mais au point où j'en suis, j'en ai plus rien à foutre. Une vie, on en a qu'une et à un moment donné, faut savoir ce qu'on veut dans la vie et se sortir les doigts du cul pour y arriver. Alors je l'ai faites, cette p*tain de lettre. Je l'ai refait, ce p*tain de CV et advienne que pourra. Je me protège en espérant pas trop de positif dans l'éventuelle réponse qu'on voudra bien me donner. Tant pis si j'essuie encore un échec. Mais au moins, je n'aurais rien à regretter.