Noël, c'est un jour ordinaire qui devient extraordinaire lorsqu'on le passe avec la personne que l'on aime et qu'on se donne les moyens de le faire. On avait mit les petits plats dans les grands, des bougies, de la musique douce, le repas était délicieux. Pour une fois, on s'est fait plaisir. J'ai un peu bu mais pas assez pour ne plus me souvenir de cette merveilleuse soirée avec Poupinou.
Puis on a ouvert nos cadeaux. J'ai eu droit à un livre pour apprendre la photographie, un plaid avec des manches tout doux et un réveil qui fait deux alarmes. Comme ça, pas d'excuses pour pas se lever. :p J'ai passé une merveilleuse soirée. Et même si j'étais loin de ma famille, c'était moins grave. De toute manière, on l'aurait pas fêté ce soir là puisque ma mère et mon beau père travaillaient tout le weekend. Mon frère et ma soeur vont donc devoir attendre le 30 au soir pour voir le Père Noël.
J'ai une patiente qui va mourir.
(Désolée pour la transition.) Mais moi ça me touche. Surtout en cette période. Surtout qu'elle allait presque bien quand je l'ai faites sortir jeudi dernier. Mais là, c'est la fin. Je sais qu'elle va mourir dans l'après midi et que je ne la reverrai pas demain. Et c'est dur de se dire que la dernière perfusion que tu lui poses, c'est pour foutre de la morphine et augmenter la dose jusqu'à ce que mort s'en suive.
Je me dis qu'au moins, elle aura passé Noël chez elle, en famille, avec les gens qu'elle aime et ça me redonne un peu de courage. J'ai vu un sourire sur son visage tout à l'heure.
Sinon, je me suis faites une raison sur le fait que je ne pourrai plus tenir cet appartement propre. Alors je fais ce que je peux pour le maintenir presque propre. Ya des cartons partout, des trucs qui traînent partout. Je deviens folle. Je sais même pas par où commencer si je voulais faire un peu de ménage. Alors le lit est fait, la vaisselle aussi et c'est le principal pour le moment.
On commence à déménager demain. Je dis "commence" parce qu'on aura pas tout fait en une journée. Sachant qu'il faut aller chercher TOUS les meubles ET les monter. Et ça va de la chaise, au lit, en passant par la table, histoire de pas manger par terre avec les moutons..
Alors je risque de pas passer beaucoup ces prochains jours.
J'ai prit un sacré coup d'vieux en six mois. De mon statut de gamine pubère en pleine crise d'adolescence, je suis passée à celui de la femme active qui a réussi sa vie et qui en à peine six mois a mit un point final à sa vie d'étudiante et a emménagé avec l'homme de sa vie. Je n'ai que vingt et un ans et j'ai parfois l'impression d'en avoir vingt cinq. Mais j'ai toujours été plus mature que mon âge. Je ne m'en vante pas, je le dis. J'ai passé mon bac à dix sept ans, j'ai fait ma crise d'ado à dix huit
(Oui, c'était tard.) et j'ai quitté le toit familial à dix huit et demi. J'ai toujours voulu me débrouiller seule, voler de mes propres ailes. J'ai toujours dit à mes parents que je partirai après le bac, avec ou sans leur aide. Je l'ai fait. Alors ça n'a pas été facile, j'y ai laissé quelques plumes mais tout ceci m'a rendue bien plus forte. J'ai vécu trop de choses pour une gamine de mon âge. Des choses qu'on devrait jamais vivre du tout mais j'en suis fière. Parce que contrairement à certain(e)s, j'ai réussi ma vie. Aujourd'hui, je suis fière de moi. J'ai gagné mon combat. Celui que je menais contre moi même. J'ai vingt et un ans, j'ai un métier, je vis avec mon homme et je ne pouvais rêver mieux. C'était exactement comme ça que j'envisageai mon avenir proche. J'ai pas fait la course. Avec qui que ce soit. D'ailleurs, je dois pas être la seule à être dans ce cas. J'ai jamais dit ça. J'avais juste de l'ambition. Il était hors de question pour moi de rester sous le toit de ma mère jusqu'à trente ans, me faire assister et dépendre de je ne sais qui pour manger. Alors je suis partie, j'ai galéré. Il a fallu que je gère mon compte en banque, mon hygiène de vie et mon avenir professionnel. Je peux vous dire que ça s'est pas fait du jour au lendemain. Je peux vous dire que j'en ai chié. Surtout pour une fille comme moi qui oscille entre le besoin de solitude, l'isolement et le besoin d'être aimée, entourée et savoir qu'elle existe. Mais aujourd'hui, je m'en suis sortie et je suis heureuse. J'ai pas dit que j'avais vaincu toutes mes peurs du passé. J'en suis pas encore là. Mais aujourd'hui, je suis fière de moi, oui.
Je voulais pas faire partie de ceux qui même à vingt ans habitent encore chez papa-maman, claquent du doigt pour avoir le dernier téléphone portable à la mode, rentrent le soir et mettent leurs pieds sous la table et ne savent pas ce que c'est de pas manger le soir, de pas avoir une culotte propre à se mettre sur le cul tous les jours, de dormir avec deux pulls, trois paires de chaussettes et deux couvertures parce qu'il fait pas plus de dix degrès dans la baraque, de se contenter d'une toilette intime à l'eau froide parce que la chaudière a cané. Moi j'ai vécu tout ça et je le regrette pas. Parce que je sais
peut être pas ce qu'est la vie mais je sais ce que c'est de vivre dans la galère. Je blâme pas ceux qui vivent le confort chez papa-maman. Je ne suis pas jalouse, bien au contraire. C'est ma force, ma fierté. Ca fait de moi une personne qui apprécie les choses simples de la vie et qui est heureuse du peu.
Je vis en noir et blanc. Je suis jamais grise. C'est tout ou rien. Je passe de la dépression à l'euphorie en quelques minutes. Je vis ma vie à fond et je ne regrette rien. Et si c'était à refaire, je changerais rien.
Et ceux qui me trouveront prétentieuse sont ceux qui ne me connaissent pas, grand bien leur fasse. Moi je suis bien dans ma peau et je n'envie rien à personne. ;D