Dimanche 22 avril 2012 [12:46]

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Bientôt quatre mois que je n'ai pas fumé. Il y a des jours et des moments bien plus difficiles que d'autres. Parce que même au bout de quatre mois, j'y pense encore tous les jours. 


J'ai commencé à fumer à dix sept ans. Je fumais à l'époque deux paquets par jour. Et pas que des cigarettes. Ca a duré comme ça pendant deux ans. Après je fumais qu'aux moments stratégiques. La première clope, la dernière, après un bon repas, pendant le trajet école-appart', en soirée. Ce qui m'a ramené à une dizaine par jour. Ensuite, j'ai promis à tout le monde qu'une fois mon DE en poche, c'était terminé. Il m'a encore fallu un bon mois pour espacer de plus en plus jusqu'à la dernière. Le 9 janvier, je fumais ma dernière cigarette.

Si je tiens le coup, c'est pour plusieurs raisons. La première, c'est parce que je tiens toujours mes promesses. La deuxième, c'est l'odeur. Parce que la cigarette ça s'infiltre partout, ça sent extrêmement fort et c'est très désagréable pour celui qui ne fume pas. La troisième, c'est parce que je sentais que mes poumons allaient mal, je marchais plus aussi vite qu'avant, en haut des escaliers, j'étais totalement épuisée. La quatrième, c'est pour le coût. 5€90 les vingt clopes, merci bien. Et la dernière, parce que je n'envisage pas une grossesse sans poumons presque sains. Parce qu'il y a déjà beaucoup trop de choses qui m'empêchent d'en espérer une à peu près normale.
Voilà toutes les raisons qui font que je résiste. 

Mais parfois l'envie devient plus forte que tout et je serais capable de tuer pour fumer. J'ai peur de refaire une crise de nerfs comme j'en avais fait une en pleine nuit. Et puis j'me dis que si j'en fume une et bah c'est pas ça qui va me tuer. C'est pas ça qui va refaire de mois une fumeuse active. Une. Comme ça. 
Et en ce moment, j'y pense beaucoup trop. L'autre nuit, j'ai même rêvé que je reprenais. Et je me souviens de tout ce que ça m'avait procuré. A chaque fois que je sors de chez moi, j'ai cet automatisme de chercher dans ma poche un paquet inexistant. A chaque fois que je sors du travail, j'ai terriblement envie. Juste une. Et puis tous les efforts que je fais depuis des mois seraient balayés en l'espace d'une demie seconde. Alors j'espère juste que ça passera. J'espère juste que je pourrai oublier tout ça.  
 
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A voté ! Et ce soir, à 18h, je serai au bureau de vote pour participer au dépouillement.

Samedi 21 avril 2012 [14:21]

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Demain, c'est la fin du monde. J'ai fini de lire toutes les professions de foi des candidats à la présidentielle. Et j'ai beaucoup rit. Je sais pour qui je vais voter. Et je ne changerai d'avis pour rien au monde.
J'ai envie de participer aux dépouillements mais je pense pas que ça soit possible. Je l'avais fait pour je ne sais plus quelle élection et j'avais trouvé ça marrant. Pourtant la politique me sort par tous les trous mais ça me fera passer cinq minutes.

Jeudi soir, j'ai regardé la meilleure danse et j'me dis que les gens sont vraiment cons. Parce qu'ils votent pour quelqu'un et quand les mecs annoncent le résultat, t'entends huer. WTF ?
Et puis ça m'a rappelé que la danse me manquait. Le théâtre et l'équitation aussi. Je pense reprendre la danse en premier. Parce que c'est le moins coûteux et reprendre progressivement, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Je regrette tellement d'avoir tout abandonné pour me donner corps et âme à mes études. Parce que je sais que si je l'avais vraiment voulu, j'aurais pu concilier au moins les deux. Mais l'environnement dans lequel je me suis retrouvée n'a fait qu'empirer ce besoin de me renfermer. Et pourtant tout ça, c'est ma vie. Parce que j'ai besoin de m'exprimer. D'exprimer des choses positives pour oublier toutes les négatives. Et que ce soit par la photographie, la danse, le théâtre ou l'équitation, je reprendrai.

Allez encore un peu de chômage dans les baskets parce qu'il y avait longtemps dis donc. *_*

Mais je m'en fiche de tout ça. Parce que Fée passe un weekend magnifique, Serpy aussi et c'est tout ce qui compte.

Et puis il se peut que la semaine prochaine, je fasse une autre rencontre IRL de Cow. Et ça me ferait vraiment plaisir.
 
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Ca c'était l'intro. Maintenant je vais vous parler d'une chose un peu plus sérieuse. Mon coeur déborde alors j'ai besoin de le vider ici. Je te préviens tout de suite, c'est du niais alors si ça te plaît pas, tu cliques dès maintenant sur la petite croix rouge en haut à droite. *_*

Je n'ai plus de père depuis le 17 août 2009. Je suis pas sûre d'en avoir eu un un jour en fait. Mais j'aurais tellement voulu. Aujourd'hui, il me manque quelque chose et ce manque, j'ai bien peur de ne jamais plus pouvoir le combler. Bien sûr que j'ai une mère avec qui je partage tout mais j'étais censée avoir un père aussi. Ce modèle masculin qui construisait le structure familiale. Il a tout fait basculer le jour où il est parti, sans prévenir personne. Il nous a tous abandonné comme des cons. J'avais l'intime conviction que je réussirai à le retrouver mais plus les jours passent et plus cet espoir s'envole. Parce que dans les yeux de mon père, je me sentais tellement plus forte. Je me sentais invincible. Même s'il n'a jamais été fier de moi. Même s'il ne s'est jamais occupé de moi. Le peu que je partageais avec lui était déjà d'une immense beauté. 
On mangeait ensemble au restaurant tous les mercredis midi. Parce que même si on vivait sous le même toit, je le voyais jamais. Alors le mercredi midi, c'était notre jour. C'était le jour où je lui racontais tout ce qu'il s'était passé dans ma vie depuis la semaine dernière. Et il m'écoutait. Du moins je crois. Il me demandait si j'avais eu de bonnes notes à l'école. Il me demandait comment j'allais. Il me demandait si j'avais besoin de quelque chose. Il s'intéressait à moi. Et il me racontait aussi sa vie. Une fois par semaine. J'avais déjà l'impression pourtant qu'il était étranger. Qu'il ne partageait pas notre foyer. Mais je m'y étais largement habituée. C'était comme ça. Je pensais que c'était comme ça partout. Je le voyais déambuler dans les couloirs de la maison tel un fantôme. Je ne savais même plus si j'avais le droit de lui adresser la parole en dehors de nos rendez vous hebdomadaires.
Mais ça ne l'empêchait pas de me frapper fort quand j'avais fait une bêtise. Il m'a fracturé le coccyx à l'âge de douze ans parce que je jouais un peu trop brusquement avec ma soeur. J'ai vu dans son regard toute la haine qu'il avait pour moi. Il m'a assommée un soir où j'avais répondu un peu trop méchamment à ma mère. Me laissant agoniser dans la salle de bain, c'est elle qui m'a retrouvée. Ne sachant plus ce qu'il s'était passé, elle m'avait dit que j'avais fait un malaise. "Arrête ! Tu vas la tuer !" C'est tout ce que je me souviens de ce soir là. Et j'avais peur de lui. Mes sentiments étaient tellement contradictoires que je ne savais même plus lequel dominait. Partagée entre la fierté et la peur, c'est finalement le dégoût qui l'a emporté.
A seize ans j'ai fugué. Après avoir giflé ma mère, j'ai passé deux nuits sous les ponts de Paris. C'était début janvier. J'étais en jupe et en collant. Ce sont les flics qui m'ont ramenés. Je te laisse imaginer ce qui m'attendait à la maison. Un oeil au beurre noir plus tard, j'avais fait promettre de ne jamais révéler ce qu'il s'était passé.
Aujourd'hui, avec mes yeux de vingt deux ans, je lui en veux encore terriblement. De n'avoir pas été un père digne de ce nom. Je lui en veux terriblement de ne pas m'avoir cru lorsque je lui ai avoué, cinq ans plus tard que c'était son père qui m'avait fait découvrir ma sexualité. Je lui en veux terriblement de ne jamais avoir été là dans les moments les plus difficiles de ma vie. 
Mais je l'aime encore. Je trouve encore la force de trouver un peu d'amour pour ce père qui n'a jamais été.

Mercredi 18 avril 2012 [20:41]

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Un jour, je vous raconterai ce que je vois et entends au boulot. Un jour, je prendrai des photos des cicatrices du Dr I. pour que jamais vous n’alliez vous faire opérer là bas. Et j’entends de plus en plus de patients me dire qu’ils entendent de mauvaises choses sur leurs chirurgiens.

Je supporte des tas de trucs comme le pipi-caca-vomi. Je touche à tout. Je fais des trucs hallucinants. J’vous dis, un jour je vous raconterai. D’ailleurs, je vais peut être le faire maintenant parce que Poupinou regarde Game of Thrones. Je vais m’improviser Serpy même si j’y arriverai pas parce que cette fille est unique au monde mais qui tente rien n’a rien.

[Anecdote n°1] Dr I. ou le chir boucher.
D’abord il faut savoir qu’à la clinique il y a deux étages et quatre services. Au deuxième, il y a la chir. de semaine et l’ambu. Au premier, il y a la chir. ortho et la chir. viscéral/dig/uro, tout ce que tu veux.
Donc moi j’étais du côté ortho et là je vois ma collègue courir comme une tarée et là j’me suis dit qu’il y avait un bug dans le système. (Oui parce que les infirmières, ça court pas. Enlève toi ce mythe tout de suite de la tête. Ya que moi qui fait ça.) Il était un peu plus de 20h et mon collègue finissait le dernier tour donc je me détache pour voler au secours de ma collègue. Et là, j’ai assisté à une scène d'horreur. J'ai cru que Jacques l'éventreur était revenu et j'ai failli m’étaler sur un bain de sang. Elle m’explique brièvement que le patient s’est fait opérer d’un lipome au niveau du dos et que la cicatrice a lâché et que maintenant ça pisse le sang. Dans un moment de lucidité, je me suis dit qu’il fallait appeler le chir. pour qu’il le reprenne au bloc. Ma collègue tentait désespéremment de stopper l’hémorragie mais vu les circonstances, c’était totalement impossible. Alors pendant ce temps là, j’appelle le chir. et là je vous passe tous les noms d’oiseaux qui m’ont été proférés. Je lui dis que c’est urgent, qu’il faut qu’il vienne immédiatement et qu’il y a pas à discuter. Après quinze minutes de tergiversations, il se ramène enfin. Il fallait aussi un anesthésiste alors j’appelle celui de garde et lui annonce que son repas familial est annulé. Je vous passe également la manière dont il m’a envoyée paître. (T'as vu, je parle very well.) Et là le chir., dans la chambre siouplaît, se met à appuyer sur la cicatrice et évidemment ça sortait en jets entre les fils qui restaient.. Et d’un air nonchalant, il nous sort que : "Oh, c’pas bien grave, ça va s’arrêter." Et là je crois que je me suis jamais autant énervée de toute ma vie et de sang froid je lui rétorque en hurlant de toutes mes forces que non ! Ca passera pas tout seul ! Qu’il faut qu’il le reprenne au bloc ! Et tout de suite ! Et que le patient est en train de crever sous mes yeux et que je laisserai pas faire une chose pareille ! Il a quand même fini par m’écouter. (J'crois que je l'ai réveillé un peu en fait.) Au passage, je fais une prise de sang pour contrôler l’hémoglobine avec un bruit de fond qui me disait : "Mouais oh, mais pourquoi faire ?" Je l’écoutais même plus. Et j’ai bien fait parce qu’à force de se vider, le patient s’est retrouvé avec 7,2g d’hémoglobine et a eu le droit à une transfusion en urgences. (Les normes de l'hémoglobine pour un homme est de 15 à 17g/100mL. Autrement dit le double.)
T’as déjà vu ça quelque part toi ? Moi jamais. J’aurais pas appelé, on m’aurait enlevé mon DE sur le champs pour non assistance à personne en danger et là j’appelle et je me fais engueuler. C’était une urgence vitale là, yavait pas à discuter. Mais lui, il l’a fait. Et si j’avais pas insisté, il serait mort. (Non je n’exagère pas.) C'est honteux. Un chir. comme ça devrait plus avoir le droit d'exercer. Et il en existe encore des comme ça. Alors c'est pas des mythes qu'on nous raconte. Alors c'est vrai tout ça.. Et je l'ai vu de mes propres yeux.. Et tu crois que quelqu’un serait venu me voir après pour me dire que j’avais bien réagi ? Que dalle. Un coup de pied au cul et basta.

[Anecdote n°2] Le pyo, ça sent pas bon.
Pyo, c’est le petit prénom intime qu’on a donné au Pseudomonas aeruginosa. C’est une bactérie très méchante qui pdc. (=Pue Du Cul.) Et dans les deux sens du terme. Parce que comme dit ci-dessus, je supporte beaucoup d’odeurs mais il y en a d’autres avec lesquelles j’ai un peu plus de mal comme celle du méléna et.. du pyo.
Aux trans’ les collègues me disent qu’il faut que je rentre avec un masque et puis j’me dis que c’est des chochottes. Jusqu’au moment où j’ai passé la première porte. La patiente est en isolement donc il y a un petit sas pour accéder à la chambre. Et l’odeur envahissait déjà jusqu’à la première porte. Vint le moment où il a fallu que je refasse le pansement. Et plus j’appuyais, plus le pus sortait. (Bon app’ !) N’empêche que là, j’me suis sentie vraiment pas bien. Je commençais à tourner de l’œil, j'avais des remontées gastriques et des réflexes de renvoie, bref j'étais pas bien quoi. Mais impossible de sortir sans avoir fini mon pansement. Et bah j’peux vous dire que je faisais pas la fière..
J’ai donc découvert, pas plus tard qu'hier, une nouvelle odeur que je ne connaissais pas, que je ne supporte pas et dont je me serais bien passée.

[Anecdote n°3 ] La cicatrice rôti.
C’est l’histoire d’une appendicite. Tout aurait pu se régler très vite si la cicatrice n’était pas aussi immonde que ça. Que dis-je. Peut on appeler ça une cicatrice ? (C’est encore Dr I..) Alors là, il faut s’imaginer une cicatrice de vingt bons centimètres de long et.. dix centimètres de large. Oui parce qu’elle est ouverte ! Il y a, sans mentir, trois points de suture. Un en haut, un au milieu, un en bas et basta. Qui ne referment absolument pas la plaie mais qui évitent plus que le tube digestif de la patiente ait des envies d’évasion qu'autre chose.. Il y en a déjà un qui a pété sous la pression. Parce qu’en plus, la patiente est obèse. Donc quand elle se lève, je vous laisse imaginer la pression qu’elle exerce sur sa cicatrice..
Aux trans’ on me dit que la cicatrice est pas belle et qu’il faudrait que le chir. revoit ça quand même. Donc je déballe le bordel et là il rentre dans la chambre et balance un : "Oh bah c’est normal ça. Vous mettez un tulle gras, ça va bourgeonner." Bah oui t’as raison ! Mettons du tulle gras ! Comme ça, ça va bourgeonner n’importe où, n'importe comment et la cicatrice se refermera jamais et..
Non mais c’est vraiment dommage que j’ai pas de photos pour vous montrer parce que je sais pas combien d’entre vous vont me croire. Et puis c’est là que l’expression "Je crois que c’que j’vois."  prend tout son sens parce que même moi j’y ai pas cru quand on me l’a dit.

Voili, voilou. C’était les aventures extraordinaires de Kyra l’infirmière. J’espère que ça vous a plu parce que j’ai dû réécrire l’article deux fois.. ! >< Et si ça vous a pas plu bah vous faites comme moi, vous cliquez sur la croix rouge en haut à droite et vous revenez plus jamais.

Samedi 14 avril 2012 [13:54]

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Tu sais ce que c'est les semaines de merde ? C'est le genre de semaine qui commence mal et qui se termine mal. C'est le genre de semaine où tu pleures tous les jours pour une raison différente. C'est le genre de semaine où tu vas en mettre plusieurs pour t'en remettre. C'est le genre de semaine que tu as vite envie d'oublier..
J'ai ressenti de la douleur, du stress, de l'abandon et j'étais totalement désarmée. Submergée par tout ce qui m'attendait, j'aurais dû prendre le virage un peu moins serré. Je me suis sentie tellement seule au monde.
Je sors d'une semaine marathon et je suis complètement crevée. Je me suis levée tous les jours à huit heures du mat' avec Poupinou parce que j'avais conduite à dix heures pour rentrer du travail à vingt deux heures. Cette semaine, j'ai connu le métro-boulot-dodo et j'ai franchement envie de vomir.

Tout commence mardi où je reprenais le boulot après dix jours sans travailler. Je vous laisse imaginer dans quelle angoisse et dans quel état de stress je me suis réveillée le matin. L'estomac noué, il m'a fallu plus d'une heure pour sortir de mon lit et la journée pour me détendre juste un peu. Le trajet jusqu'au travail s'est fait plus qu'à reculons..

Mercredi, j'ai passé la journée la plus horrible de toute ma vie. Ou pas. Parce que quand on regarde le reste de la semaine, il y a de quoi se demander quel jour était le pire. D'abord, Poupinou s'est à moitié cassé le petit orteil. Manque de bol, c'est le seul endroit du corps où on peut rien faire mis à part attendre que ça passe tout seul. Je pars au travail et le soir il m'envoie un sms pour me dire que ça gonfle, ça devient bleu/violet et que ça lui fait mal. Je pouvais rien prendre à la clinique alors je suis allée à la pharma lui acheter de l'arnican. Je lui ai fait un bandage avec les deux orteils. Mais je veux bien croire qu'il ait mal. Moi j'ai vécu un an avec le petit orteil comme ça donc ça prendra du temps..
Et si ça avait pu s'arrêter là, ç'aurait été bien. Sauf qu'ayant fait plein de cuisine la veille, il fallait de toute urgence nettoyer la gazinière. Une fois la chose faite, je reprends mon activité avant d'entendre un bruit suspect dans la cuisine.. Et là le drame, le brûleur faisait des cliquetis et des étincelles au bout. Donc là, crise d'angoisse et de panique. J'appelle Poupinou sans succès. Il a fallu que j'appelle une amie pour qu'elle aille le chercher à l'école. Et de là il me dit que c'est juste de l'eau qui est tombé dans le brûleur et que ça va s'arrêter. Sauf que j'étais absolument pas convaincue et que je suis partie au boulot en laissant la baraque comme ça. Et du travail j'entends les grosses sirènes de pompiers comme celles qu'on entend le premier mercredi du mois. Donc là c'était reparti pour la crise d'angoisse. Puis finalement quand je suis rentrée, tout allait bien. N'empêche que j'ai vraiment eu peur parce que le gaz, j'en ai vraiment très peur.
Et la journée a continué dans sa lancée au boulot. Je vous épargne donc mes seize patients en charge, la transfusion, les deux urgences qui arrivent en même temps et au milieu les retours de bloc !

Jeudi, on continue et là ce fût l'apothéose. C'était l'anniversaire de mon petit frère et il a fallu que j'envoie un sms à ma soeur pour ça. Biglol ! Non franchement, ça m'fait pas rire. J'ai même pas eu cinq minutes pour l'appeler. En sortant du travail j'ai voulu tenter d'appeler chez ma mère et là j'ai tout envoyer péter parce que personne répondait. J'ai fini par avoir mon frère mais je lui ai souhaité son anniversaire et j'ai raccroché. Au bord de la crise de nerfs.
Ma mère, mon frère, ma soeur et mon beau père sont partis pour deux semaines en Egypte mais avant ça, il a fallu que je me dispute avec maman. GG. 

Et la semaine s'est terminée hier, on peut dire que ça a été une journée correcte. Si on retire la transfusion, l'urgence, les patients à repiquer parce que les perfs ne tenaient plus, le PAC (Chambre implantable) de Me M. qui s'est bouchée, l'OAP (Oedème Aigu du Poumon) de Mr L. et la stomie à changer de Mr D.

Au travail, je déprime. J'avance pas, je m'épanouis pas. J'y vais à reculons, toujours avec cette même boule dans le ventre parce que j'ai peur de ce qu'il va bien pouvoir m'arriver. Et cette semaine, pour la première fois de ma vie, je me suis demandée ce que je foutais là. Si j'avais pas fait mauvaise route. Si j'étais vraiment faite pour ça. S'il valait mieux pas que je fasse marche arrière tout de suite. (Oui, je conduis un peu trop en ce moment.) Mais je continue, je m'enfonce. Parce que j'ai pas le courage de faire autre chose. J'ai pas le courage de tout foutre en l'air.
J'ai encore entendu les collègues baver dans mon dos. Manque de bol, le couloir fait écho donc on entend tout, même à l'autre bout. J'ai rigolé quand M. lui a répondu qu'on pouvait aussi faire comme j'avais fait. Bim ! Et le pire je crois, c'est ma patiente qui me dit: "Vous allez vous faire disputer ?" Et ça en général, c'est très mauvais signe. Parce que ça prouve que les tensions sont palpables voire même visibles et auprès du patient c'est intolérable.
Il y a quand même des collègues sympas. Je pense à A. qui m'a demandée gentiment si je pouvais pas l'aider à perfuser une patiente parce qu'elle avait essayé trois fois et qu'elle y arrivait pas. Et j'étais contente d'avoir réussi, moi. 
Vous vous souvenez, j'avais fait une demande sans conviction pour un CDD d'un an qui se libérait. Et bah c'est pas moi qui l'ait eu. Ca vous étonne encore ?
Et là, je travaille deux jours le semaine prochaine et c'est tout. Jusqu'au 30 avril.
Smile.

Pour la conduite, j'avance doucement mais sûrement. B. me dit qu'on avance bien. Mais je suis encore trop timide pour certaines choses, j'ose pas faire les choses toutes seules. Quant à l'évaluation de l'espace, c'est même pas la peine de chercher, j'y arrive pas. Je prépare mes manoeuvres bien trop tôt, je m'avance pas assez dans la rue avant de tourner, bref, je vous épargne tout ça mais bon.

Je suis à bout de souffle. Je me suis sentie terriblement seule cette semaine. Refusant de discuter avec Poupinou, je me suis renfermée sur moi même.

J'espère que vous avez passé une semaine bien plus reposante que moi. Je vous laisse, je vais aller me reposer un peu. Oui je viens de me lever et alors !

Lundi 9 avril 2012 [13:11]

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Titre
: Ne le dis pas à maman
Auteure: Toni Maguire
Genre: Autobiographie

Résumé: L'enfance de la petite Toni cache un secret qui a failli la tuer. Dès l'âge de six ans, son père abuse d'elle. Courageusement, elle révèle l'indicible à sa mère qui se réfugie dans le déni, ouvrant la voie à des années de tortures sexuelles et mentales. Enceinte de son père à quatorze ans, Toni ne pourra compter que sur elle-même pour échapper à ce monde de dépression et de folie. Faisant preuve d'une force de caractère incroyable, elle aura le courage de dénoncer son père aux autorités, ce qui la placera une fois de plus seule contre tous..

Le livre: Tout commence dans une chambre d'hôpital. Où Toni le sait, elle verra sa mère pour la dernière fois. C'est alors l'occasion pour elle de retracer toute son histoire à travers Antoinette, son elle enfant, son "fantôme" comme elle le dit si bien. L'enfant naïve, l'enfant qui comprenait rien. L'enfant qui avait plein de secrets et qui jouait à plein de jeux en même temps. Le jeu de "la famille heureuse", le jeu de "la mère victime". Ce livre, c'est la thérapie de Toni grâce à Antoinette. Au fil du livre, ponctué par des allers-retours entre son passé et le présent, elle finit par comprendre que les choix des adultes n'étaient pas si anodins. Elle finit par comprendre qu'en fait si, sa mère savait mais qu'elle a toujours fermé les yeux. Elle voudrait qu'avant de partir, cette dernière lui demande pardon. Et elle finit aussi et surtout à comprendre que dans ce ménage à trois, elle n'avait pas sa place.
C'est le jour où elle fait une hémorragie suite à son avortement que tout va basculer. Un cauchemar prend fin et un autre recommence. Elle se rend alors compte que le monde est impitoyable et que son père avait finalement raison. "Tout le monde va t'accuser".
Je ne veux pas spoiler mais ce livre reste complexe. Tant dans son objectif que dans son histoire. Toni se débarrasse du fantôme de son enfance mais pour ça, elle va devoir faire un énorme travail de réflexion sur elle. D'où ce livre qui relate tout ce travail de réflexion. Il est complexe aussi par la relation qu'elle entretient avec sa mère jusqu'au dernier jour ou encore les relations qu'entretenait entre eux ce trio. Et elle découvre des tas de choses. Ces yeux s'ouvrent au fur et à mesure qu'elle écrit.

Mon avis: Comme tous les livres "violents" que je lis, il m'a transporté dans un univers que je finis par mieux aborder. Si je lis ce genre de livres, c'est aussi pour dédramatiser mon passé. Et ça m'aide à relativiser. 
Je regrette cependant, la "forme" de l'histoire où on passe du passé au présent en passant par Antoinette et Toni. On s'y perd parfois. Mais si elle l'a écrit comme ça, c'est sûrement qu'il y avait une raison. C'est un choix personnel que je respecte entièrement. On sent que ce livre est très personnel et a sûrement été écrit plus pour elle que pour le public. Malgré le fait qu'elle veuille aussi lancer un message à tous ces enfants qui sont battus parce qu'elle est la preuve que contre tous, on peut gagner sa bataille.
Et puis j'ai découvert un autre dégoût. Les gens se sont retournés contre elle, l'ont accusée. Et tout ça parce qu'ils croyaient qu'en fait, elle était consentante. Mais comment cette idée peut traverser la tête des gens une demie-seconde ?
Malgré tout, elle a réussi à sortir la tête de l'eau. On ne sait rien sur son présent actuel mais à la fin du livre, on sent la libération.
J'ai beaucoup apprécié ce livre parce qu'il est moins violent que ce que je pensais au départ. On ne lit pas des scènes détaillées de trois kilomètres de long de ces actes de torture mais c'est plus le cheminement vers une liberté d'esprit.

Prochaine lecture: Un soupçon d'interdit, Françoise Bourdin

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