Jeudi 6 janvier 2011 [17:05]

Ca y est. Je l'ai faites cette prise de sang de déclic. Et sans bavures s'il vous plait. En fait, je retiens que ça de ma matinée. Le reste, je sais pas. Parti au fond de mes sinus encombrés. L'infirmière ne m'a pas encore hurlé dessus. C'est bon signe. Juste que ce matin, j'avais commencé à prendre mes quatre patients en charge et puis je me suis éparpillée à cause de tous les soins que je voulais voir/faire et que je n'avais pas avec mes patients. "Ca sera pour demain" qu'elle a dit la madame. Sauf que demain, c'est pas elle qui sera là. Et puis j'avais fait ma planif' à l'arrache. Parce qu'hier, j'ai pas retrouvé celles de l'école.
Ah. Et j'oubliais le plus drôle. C'est les externes (En quatrième année de médecine, donc.) qui viennent me voir penauds et me demandent si c'est bien ce matériel là qu'il faut pour faire les hémoc' et si je peux les aider à les faire. Ou qui, cinq minutes après, viennent² me voir pour savoir si la ponction d'ascite, c'est en milieu stérile. Mais \o/. C'est sans commentaires..

Moralement ça va mieux. Parce que j'ai appelé maman en pleurant hier soir. Parce que ça débordait. Et parce que j'ai croisé ma formatrice guidante pour mon mémoire dans les couloirs tout à l'heure, que je lui ai dit que je n'avais rien à lui rendre pour lundi et que vu que j'étais malade, je n'aurais rien de plus ce soir. Elle m'a dit que c'était pas grave. Que je vienne quand même à mon rendez vous parce qu'on aurait toujours des choses à se dire et que j'avais déjà très bien avancé pour le dernier rendez vous du mois de décembre. Mouais.
Physiquement toujours pas. J'ai passé² une nuit horrible. Une matinée horrible. J'ai réussi à avaler un pot de 720 grammes de compote de pommes hier soir. Mon nez coule tout seul et mes sinus sont bouchés. Du coup, j'ai une sale gueule.

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Ce weekend, je vais encore voir ma maman, ma soeur, mon frère, mon beau père et mes grands parents. Pour fêter mon anniversaire et celui de maman. Je passerai l'après midi chez maman. Puis le soir nous filerons chez mes grands parents. Je vais acheter une belle galette ! *_* (Et un beau panier de fleurs pour maman.) Puis je resterai dormir chez Manou et Papou. (Mes grands parents.) Parce que j'ai besoin de me faire bichonner. :$

Mon Poupinou me manque terriblement. [J-7]

Lundi 22 novembre 2010 [13:24]

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Et on est lundi. Et il est 13h17. Et je suis là. Telle une merde qui ne peut plus rien faire. Je le savais que ça devait arriver. Je le savais que deux jours ne me suffiraient pas. Je le savais que je pourrai pas indéfiniment être celle qui va toujours bien. Je le savais que tout le monde verrait un jour ou l'autre que j'étais faible.
En attendant, je culpabilise à mort. Parce que même si je viens d'appeler ma cadre et qu'elle m'a dit que c'était pas grave, que je devais me reposer, que je reprendrai demain et bah je suis pas habituée à manquer le travail. A manquer à mes devoirs de future infirmière. Parce que ça m'était pas arrivée depuis trois ans. 
Et j'attends. Sans savoir quoi faire. Attendre que ça passe en fermant ma gueule.

Et j'ai appelé le service de maternité de l'hôpital de Lannion. La cadre est en voyage humanitaire. Attendre dix jours qu'elle revienne.
Et j'ai appelé le CMPEA de Lannion. Qui m'a renvoyée sur le site de Bégard. Qui m'a passée le service des ressources humaines. Qui m'a donnée le numéro direct de la coordinatrice des stages. Qui n'est pas là avant jeudi. Attendre quatre jours.
J'ai pas l'air comme ça mais je suis pleine d'espoir.

J'ai peut être retrouvé mon meilleur ami. Mais pas comme je l'aurais imaginé. Et ça fait mal.

Mardi 16 novembre 2010 [19:30]

Comme je vous l'ai dit hier, j'ai remit la blouse blanche depuis.. bah hier. xD
Je travaille en maison de retraite. Et ce, pendant cinq semaines. Oui, plaignez-moi mes chers compatriotes. Parce que travailler avec des personnes qui comprennent plus rien à rien, qui savent pas comment tu t'appelles, hurlent pour avoir un verre d'eau et te frappent en passant, c'est très difficile et épuisant. Psychologiquement parlant.

Remarquez, je sais pas ce qui est le plus dur. Entre eux et moi. Eux, ils sont là. Et ils y resteront. Ils ont perdu tous repères spatio-temporels et attendent des journées entières. Assis. Sans bouger. Que le temps passe et que la mort vienne les chercher.
Moi, après, je rentre chez moi. J'ai une vie. Encore.
Je sais pas ce qui est le plus dur. Avoir pitié d'eux, se dire que dans soixante dix ans, je serai dans cet état là. Je sais pas. Mais tout ce que je sais, c'est qu'au bout de deux jours, j'en peux déjà plus.

La maison de retraite, c'est le seul endroit où la douche devient un sport. J'ai donc droit à un minimum de quatre douches le matin, sans compter celle que j'ai prise avant de partir.
La maison de retraite, c'est le seul endroit où trouver des vêtements dans un placard devient une chasse au trésor.
Et puis à force, tu deviens un vieux toi aussi. Tu as droit à Motus et les Z'amours. Quand tu t'assois, t'as la tête qui part en avant. Et quand tu rentres chez toi, tu les entends encore.

Il y a une dame qui est très agitée. Madame V. Elle déambule dans les couloirs toute la journée et ne s'arrête jamais de parler. Si moi je devais marcher et parler tout ce qu'elle marche et parle, je crois qu'au bout de deux jours, je tiendrai plus sur mes jambes et ma langue serait anesthésiée. Alors quand tu n'entends plus Madame V. tu t'inquiètes. Mais quand tu rentres chez toi, tu l'entends encore t'insulter du bout du couloir et te menacer de mort.

Mais la maison de retraite, c'est aussi Madame J. qui prend son mari dans les bras et le serre tout ce qu'elle peut en lui disant: "Je t'aime tellement." Tu retiens tes larmes parce que tu te dis que c'est le plus beau cadeau de ta journée.

J'ai tenté le jeu de mémoire avec les fruits aujourd'hui. Mission impossible. Ils m'ont juste épuisée. Ensuite, on a sorti les décorations de Noël. Je sais pas qui est ce qui s'est le plus amusé entre eux et nous. Et puis, c'est frustrant de n'obtenir aucun sourire. Même quand tu danses comme une cruche au milieu de la salle avec une guirlande autour du cou.

Mais qu'est ce que je fous là ? Je suis en troisième année et je passe le diplôme dans un an. Mais qu'est ce que je fous là ?
Surtout qu'il n'y a aucun soin infirmier. Aucun. LE dextro, le seul et unique, c'est Steven qui l'a fait. Et on a failli se foutre sur la gueule pour que demain midi, ça soit moi qui le fasse.

Cinq semaines, ça va être long. Très long.

Ca c'est moi. Ya un peu plus d'un an et demi.
Quand je travaillais à la médecine du travail et que je savais pas encore qu'en troisième année, j'allais me retrouver dans une maison de retraite ! ><

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Mercredi 25 août 2010 [19:41]

Je viens de passer une des journées les plus stressantes de toute ma vie. Dernier examen de l'année. Dernier examen qui signe la fin de ma deuxième année et le début de ma troisième. Dernier stress avant le mois d'octobre. Dernière petite montée d'adrénaline.

Mais c'est avec joie que je vous annonce mon passage en troisième année ! =D
 
Je viens de perdre (Au moins.) 40 kilos de stress. Si vous saviez ce que je l'attendais cette putain de journée. Cet instant, où ils m'annonceraient mon résultat. 

Le jury est arrivé dans mon service à 8h. Composé de ma formatrice réferente de l'école, le cadre du service et une infirmière du service. Cela faisait déjà deux heures que j'étais là puisque comme il vaut mieux prévenir que guérir, je suis venue en avance pour corriger les dernières imperfections. D'habitude, je commence à 7h mais aujourd'hui, c'était différent. De toute façon, je tournais dans mon lit, mon cher et tendre dormait à point fermé et j'avais trop chaud. Debout donc à 4h au lieu de 5h30. Les deux patients que je devais présenter sont partis dans la journée d'hier. Première montée de stress. J'ai donc 2h pour tout recommencer à zéro. C'est pas grave, je prends mon temps. J'organise ma journée et attend l'arrivée du jury. J'avais donc (Entre autre.) une prise de sang, une préparation de coronarographie, un tour de sécurité, un changement de perfusion et une injection d'anticoagulant. Je transpirais déjà alors que je les voyais arriver au loin. Ma formatrice m'a plusieurs fois demandée de me calmer. "La fin du monde n'a pas encore eu lieu." Je sais pas ce qui aurait été le pire à cet instant. Je commence par ma prise de sang que je réalise sans difficulté aucune. Puis en faisant le tour de sécurité auprès de mon deuxième patient qui était diabétique, je m'aperçois que sa perfusion est vide et qu'il a déjà mangé alors que j'avais demandé aux aides soignantes de ne PAS servir le petit déjeuner avant mon accord. Mais quand chacun à décidé d'en faire qu'à sa tête, voilà ce qui se passe. Je prends donc sa glycémie après son petit déjeuner. Ce qui ne sert strictement à rien. Au moins, je l'aurais fait. Je change la poche en prenant soin de ne pas rajouter les 500 mg de vitamine B6 et le gramme de vitamine B1qui étaient encore prescrit de la veille mais que les médecins m'avaient dit d'arrêter. Merci pour la nouvelle prescription. Mon patient ne comprenant et ne parlant pas un mot de français, je vous laisse imaginer mon désespoir pour lui expliquer ce qu'est une coronarographie. Je vais au staff des médecins pour suivre l'évolution de mes patients et revient injecter mon anticoagulant. C'en était terminé pour les soins. Il était 11h30.
Le jury me donne quinze minutes de pause durant lesquelles j'ai dû fumer plus de cigarettes que depuis lundi. =_= A cet instant, les 50% de mon examen sont passés. Il me restera que la présentation de mes démarches de soin. Une heure de présentation et une heure de questions durant lesquelles je les ai scotché avec mes réponses. (Carrément.)
Qu'est-ce-qu'un infarctus du myocarde ? - Quinze minutes.
Norme et intérêt du dosage de la troponine - Trois minutes.
Qu'elles sont les voies de transmission du virus de l'hépatite B - Trente secondes.
Expliquer le mécanisme d'un oedème aigu du poumon. Schéma anatomique à l'appui - Dix minutes.
Qu'est ce que la trinitrine ? Comment agit-elle ? - Sept minutes.
J'en passe et des meilleurs.
"On va dire que c'est fini." S'en suivra trente minutes de délibération. Surement les plus longues de toute ma vie. Je reviens m'asseoir face à eux. J'entends ce qu'ils me disent mais n'écoute pas. 
Annonce de la note. Je peux donc relâcher tous ses muscles qui se contractaient depuis 6h ce matin.
Je crois que j'ai fondu en larmes. Devant eux. Tant pis.

Je suis maintenant complètement vidée. J'ai toujours pas réalisé. Je vais pouvoir mettre de côté cette mauvaise période et toutes les conséquences fâcheuses qu'elle m'a apportée de côté. La vie reprend son cours. Je suis en vacances depuis 14h jusqu'au dimanche 26 septembre inclus. Et je compte en profiter dès ce soir.

C'est avec nostalgie que je laisse une deuxième année bien remplie derrière moi pour me consacrer à ma troisième et dernière année qui s'annonce particulièrement riche en émotions.

Je vous laisse.
J'ai encore une douche à prendre et mon cher et tendre a réservé le restaurant pour 20h30.
Bonne soirée ! =D

Jeudi 20 mai 2010 [22:35]

"Tu sais que je vais mourir ?
- Oui.
- Pourquoi tu viens encore me soigner alors ?
- Je ne te soigne pas. J'essaie de faire en sorte que tes derniers jours soient les plus beaux."


 
Mathéo a 4 ans. Il est hospitalisé quelque part en France où je suis en stage depuis presque trois semaines. Il est brulé au 3e degrés et a fait un rejet de greffe. Son pronostic vital est donc engagé.

Je ne sais pas ce qui est le pire dans l'histoire. Si c'est de ne pas pouvoir le guérir ou de le voir aussi serein face à la mort. Moi, je suis grande et j'ai peur de mourir. Lui, il a 4 ans et il a pas peur. Ca fait un peu bête. Peut être ne se rend-t-il pas compte. Je sais pas.
Tout ce que je sais, c'est que je me suis attachée à lui et lui un peu à moi. Il m'apelle Katheen blanche. Peut être parce que je suis habillée en blanc et qu'il ne sait pas bien prononcer mon prénom. Peu importe. Je l'aime ce gamin. Je ne pense pas que sa mère soit jalouse de moi mais il faut que je fasse attention. C'est son bébé, pas le mien.
Dans deux semaines, je retourne à l'école et je ne sais pas comment gérer ça. Tous les matins, je sais qu'il sera là. Je sais qu'il m'attendra. Je sais que se sera lui que j'irai voir en premier et que je lui lirai une histoire en attendant que son papa vienne puis sa maman. Je sais qu'il me fera un bisou et qu'il me souhaitera une bonne journée quand je rentrerai chez moi. Mais demain ? Quand je vais partir, que va-t-il se passer ?
Je veux pas le voir pleurer. Si je ne peux pas le guérir, je me suis alors jurée une chose: Ne jamais l'entendre pleurer.

Il est extraordinaire cet enfant. Il me donne tous les jours une leçon de vie.
Il va mourir et il rit. Il me regarde avec ses grands yeux et me tend ses bras. Ca, c'est quand il me donne la permission de lui faire un calin. Il est tellement courageux que quand je le pique, il ne dit rien. Il me regarde et pose sa main sur mon bras et me dit: "C'est parti !"
 
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Moi, j'aimerais avoir son courage.
J'aimerais avoir son sourire.
 J'aimerais avoir sa joie de vivre.
J'aimerais être là quand il partira.
Mais j'aimerais surtout qu'il ne parte pas..

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