Ca y est, c’est arrivé. Après un mois d’absence, un mois d’attente, un mois de solitude, un mois de douleur, il arrive. Et il reste là jusqu’à dimanche prochain. Son train arrive à la gare à 23h09. Comme d’habitude, la moitié de la France sortira du train ce qui provoquera un nuage de monde sur le quai. Mais je le retrouverai quand même au milieu de tout ça. L’unique.
En fait, ça fait tellement longtemps que je l’attends, j’ai tellement dû me protéger, que j’y crois pas. J’arrive pas à me réjouir de sa venue. J’ai dû m’habituer. Alors je vais devoir me réhabituer à partager mon lit, à partager ma douche, à troquer le magneau contre la chaleur de son corps nu, à mettre la table pour deux, à dire bonjour et au revoir en rentrant et en partant de la maison, à accepter que le ménage soit fait en rentrant de l’école le soir.
J’ai oublié ce que c’était. Je réalise pas. Que dans quelques heures, quelqu’un va me donner la main, que quelqu’un est susceptible de m’embrasser et me câliner à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, que quelqu’un va me demander si j’ai bien dormi et comment je vais au réveil, que quelqu’un va me préparer de quoi manger avant de partir pendant ma douche du matin. Je vais me réveiller autrement que dans l’agressivité et la douleur le matin. Et je m‘endormirai autrement que dans l’angoisse, la solitude et la frustration le soir.
Mais avant tout ça, je vais passer chez maman en l’attendant. Ca me fera passer le temps. Ca fait plus d'un mois que je l’ai pas vu elle aussi. Mon beau père va me faire rigoler. Mon frère va me faire danser et chanter. Et ma sœur va me raconter les derniers potins du lycée. J’ai de la cuisine à faire aussi. Une tarte salée saumon-brocolis. Mais j’ai déjà fait mon fondant au chocolat avec du beurre salé.
J’ai pas nettoyé la salle de bain.
J’ai pas mit mon vernis. Ni fait mon brushing.
Je suis encore une fois complètement perdue. Je sais plus d’où j’en suis. Je sais pas si je dois être heureuse. Je suis déjà en train de me mettre sur la défensive en prévoyant son départ..
Je suis morte de trouille parce que je sais pas du tout comment son retour va se passer. Et vu mon état à fleur de peau atuel, ça risque d’être quitte ou double.
Alors cette semaine, je risque d’être absente. Ne m’en voulez pas. Je viendrai peut être déposer quelques maux mais je ne suis sûre de rien.
Je peux pas non plus vous garantir que je serai heureuse. Je peux pas non plus vous demander de ne pas vous en faire pour moi en vous disant que quoi qu’il arrive, j’irai bien. Non.
Alors je vais juste vous dire que je pense bien à vous et prenez soin de vous. Bon courage pour votre semaine. A dimanche. :)
Demain, ça fait quatorze mois qu'ça dure.