Ainsi s'achève mon stage pré pro. Avec nostalgie. Parce que ce stage là, c'était le dernier avant le diplôme d'état. Le dernier stage où j'ai pu m'épanouir pleinement en tant qu'étudiante. Mes collègues vont me manquer. Je leur ai apporté un fondant au chocolat ce matin et en échange ils m'ont traînée à trois sous la douche.. xD Je faisais partie de leur équipe, je n'étais pas une simple étudiante en troisième année. Tous les matins on me faisait la bise. J'étais leur collègue. Je faisais tout toute seule comme une grande. Personne ne passait derrière moi pour vérifier que j'avais fait mon boulot. Il était fait, point barre. "Tu seras une bonne infirmière." Et Françoise qui avait les larmes aux yeux. Je l'ai vu ! Et elles attendent mes résulats du Diplôme d'état.. C'était extraordinaire. Ca fait plaisir de se sentir autant appréciée et aussi bien au sein d'une équipe. Ca fait chaud au coeur.
Mais ceux qui vont le plus me manquer, ce sont mes patients. Comme toujours. J'ai encore appris tellement de choses ici. D'abord humainement. Parce que c'était du moyen séjour donc les patients, je les connaissais sur le bout des doigts. Leurs caractères, leurs manières, leurs habitudes.. Ils m'ont tous dit que j'allais leur manquer. Tous. Les dix. Et chaque matin, je devais jongler entre les toilettes des uns et des autres pour pas faire de jaloux et satisfaire tout le monde. Et chaque matin, je me faisais engueler par celui ou celle à qui je n'avais pas fait sa toilette. Les aides soignants venaient me chercher jusque dans les chambres: "Il y a monsieur/madame untel qui t'appelle." J'ai même fait la bise à monsieur N. ce matin et un câlin à monsieur J. Et techniquement aussi. Pour mon organisation, pour ma dextérité et pour ma technicité. Parce qu'on ne finit jamais d'apprendre. Non, je n'ai toujours pas confiance en moi. Non, je ne réalise toujours pas que dans trois mois je serai infirmière et que ma vie va basculer.
On retourne ensemble en Bretagne lundi matin. Je quitte enfin cette ville qui m'oppresse. Je vais respirer l'air humide breton. Je ferai juste un aller-retour début octobre pour la soutenance de mon mémoire mais c'est tout. Et j'en profiterai jusqu'au dernier jour. Parce que les cinq semaines qui m'attendent après ça seront les pires semaines de toute ma vie. Cinq semaines à tenir seule mon avenir à bout de bras. Cinq semaines sans lui. Puis retour en Bretagne. Auprès de lui. L'attente des résultats qui va durer une éternité. Mon entrée dans la vie active. Et un déménagement.