Cerise-Peche-Abricot

On dirait que le vent a tourné. Que le calme laisse doucement place à la tempête. J'ai l'impression de le retrouver. Même si je reste sur la défensive, réticente et que parfois, il s'en rend compte.
On a passé la soirée ensemble. On a joué à un jeu dangereux ce soir. Et pour notre plus grand bonheur, j'ai gagné. On s'est cherché. On s'est (re)trouvé. On a reconquis notre complicité.
Il vient à peine d'aller se coucher. Ca fait.. bizarre. Ca faisait bien trop longtemps que cela ne nous était pas arrivé. A tel point que je me suis même demandée s'il n'avait rien à me demander. (Oui, j'en suis arrivée là. Non, ce n'est pas sain, je sais.) Il m'a assuré que non.
Il m'a glissé tendrement qu'il avait une surprise pour moi et que je la verrai la prochaine fois que je viendrai à la maison. Avant de se reprendre et de dire qu'en fait, elle était pour nous. "Et elle pourra même servir pour le bébé aussi." (??) Quoi, déjà ? Oui parce qu'on avait des projets bébé.
Il s'est excusé aussi. Pour la première fois de sa vie. "Pardonne moi mon amour. Pour tous les malheurs que je t'apporte. Reste avec moi aussi longtemps que tu me l'as promis. J'ai trop besoin de toi, je veux pas te perdre." Je lui ai dit que c'était qu'un crétin.
Alors c'est quand je vois la soirée qu'on a passé que je me dis qu'on peut être heureux tous les deux. Que pour rien au monde je ne laisserai ma place à qui que se soit sur cette Terre. Que c'est ma vie, mon combat et que je me dois de les assumer et les gérer. Que les erreurs de parcours ça arrive à tout le monde. Suffit de savoir retrouver le bon chemin. Se rappeler toutes les raisons pour lesquelles on s'est embrassé le 19 décembre 2009.

Dans un mois (Moins un jour.), c'est le gala de son école. On a raté celui de l'année dernière alors on s'est promis que cette année on y allait. Ca tombe parfaitement bien en plus. J'aurais passé mon dernier partiel.
Je n'ai toujours pas trouvé de chapeau mais ça ne saurait tarder. Ma robe est parfaitement belle et cachera la laideur de sa propriétaire le temps d'une soirée. Je vais retrouver Mickaël, Clémentine, Thomas et Gauthier. Et tous ceux que j'ai pas envie de voir comme cette Emilie ! ><
Mais je me suis faites une promesse. Que cette soirée sera la notre. Alors pas question de la gâcher et être heureux et s'amuser sera le mot d'ordre.

Demain, il organise encore un projet pour son école. C'est lui qui commentera l'évènement et tiendra la buvette. Je vais encore passer à l'as. Mais cette fois, je ne lui en veux pas. C'est compliqué d'être la femme d'un business man. Mais j'assume et j'en suis pas peu fière.
 

Et pendant ce temps là, G. Qui est resté égal à lui même et m'a harcelée de sms toute la soirée. Mais ce soir et pour la première fois, je me suis rendue compte qu'il y avait un grand malaise entre nous. Qu'il y en avait un de trop. Ses sms étaient de trop. Sa présence m'a dérangée. Alors demain je lui dirai que c'est fini. Je ne regrette rien. G est un homme remarquablement gentil et attentionné. Je ferai ça le plus gracieusement possible en évitant au maximum les dégâts. Il comprendra. C'est certain. Parce que G est intelligent aussi. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et ça y est. Le déclic a eu lieu. Le temps des conneries et du grand n'importe quoi est révolu.

[J-7.]

 

J'ai le visage creusé.
Le teint pâle.
Des cernes presque présentes.
Je vais bien.

C'est ce corps là que j'aime. Je vous le cache pas. Celui que j'ai tant de mal à entretenir. Celui qui me permet un ultime contrôle sur moi. Et sur le reste. Celui qui régule mon humeur et me dit que tout va bien.
Contrôler. Cela occupe mes pensées. Mon corps, c'est le seul truc que je peux contrôler en ce moment. Alors j'y passe mes journées et je fais ça avec grand soin. Je m'applique à la tâche. Et je dois dire que c'est orgasmique.
Le voir partir c'est voir partir tous mes problèmes. C'est me voir exister.
Ne pas manger pendant quatre jours c'est voir jusqu'où je peux aller. Me dépasser. Dépasser les limites du physiquement possible.
Les crises de boulimie parfois et les heures passées au dessus des toilettes, c'est vomir ma souffrance. Tirer la chasse et c'est fini.

Hier soir, j'ai gardé Emilie. J'ai gagné 40€. Mes courses pour le mois. Et puis je suis rentrée dormir chez Papou et Manou. (Mes grands parents.) Je me suis réveillée à treize heures ce matin. Non, je n'étais pas très fatiguée.
Quand je suis rentrée hier soir et que j'ai vu Manou, j'ai pleuré. Parce que ma grand mère a perdu tous ses cheveux et qu'elle ne peut plus se faire de couleur alors le peu qui lui restent sont gris/blancs. Maman m'avait prévenue mais je pensais que comme d'habitude, elle exagérait le tout. Oui mais pas cette fois. J'aurais préféré pourtant.
Manou elle est blonde. Parce que je l'ai toujours connu comme ça. Ma grand mère, c'était la seule qui n'avait pas de cheveux gris. Parce que ma grand mère c'était la seule qui vieillissait pas.
Elle était extrêmement fatiguée. Je l'ai vu le 8 janvier pourtant. J'ai l'impression que ça fait des années.
Hier soir, je me suis rendue compte. J'ai prit la vérité en pleine face et ça fait mal. Ma grand mère n'est pas éternelle. J'ai pas envie qu'elle parte. Je veux qu'elle reste avec moi pour toujours. Et mon Papou aussi. Je veux qu'ils viennent à mon mariage et voient leurs arrières petits enfants. Je sais que j'ai de la chance de les avoir encore. J'ai pas eu besoin d'hier soir pour me rendre compte que mes grands parents je les aime plus que tout au monde. 
Mais le jour où ils seront plus là, ça sera une autre fin du monde.

Moi aussi je regrette le temps où on cherchait encore comment se dire je t'aime. Moi aussi je regrette le temps où ta main faisait encore frissonner mon corps trop maigre quand elle le parcourait sensuellement. Moi aussi je regrette le temps où tu me faisais exister. Où tu me disais que j'étais l'unique et qu'ensemble on referait le monde. Moi aussi je regrette le temps où tes messages comblaient ton absence physique. Moi aussi je regrette le temps où j'aurais été capable de me donner la mort pour te rendre la vie. Moi aussi je regrette le temps où j'avais encore l'envie de te rendre heureux. Moi aussi je regrette le temps où tes baisers me faisaient voyager. Moi aussi je regrette nos nuits sexuellement blanches. Moi aussi je regrette le temps où la chaleur de ton corps nu était capable de me réchauffer. Moi aussi je regrette le temps où tu me suppliais de te laisser mon écharpe pour la semaine parce qu'elle était la seule à porter si bien mon odeur. Moi aussi je regrette le temps où ta présence pansait tous mes maux.
Moi aussi je regrette le temps où tu me suffisais.

Moi aussi je regrette le temps où on s'aimait encore.

Je viens de rentrer. Ce soir, je suis sortie. Je me suis faites passer en couple avec Kévin et on a eu droit  un dôme gratuit au Starbucks.
J'ai vu des gens amoureux. J'ai vu des baisers passionnés. J'ai vu des mains entrelacées. J'ai vu la queue chez le fleuriste. J'ai vu des femmes impatientes sur le quai de la gare. J'ai vu des hommes pressés. J'ai vu l'amour dans leurs yeux.
Moi j'étais avec Justine et Kévin. Et on rit. Qu'est ce qu'on a rit. On a rit de leur célibat et du mien qui s'amène.