Eux et moi.

Vendredi 18 février 2011 [18:29]

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J'ai le visage creusé.
Le teint pâle.
Des cernes presque présentes.
Je vais bien.












C'est ce corps là que j'aime. Je vous le cache pas. Celui que j'ai tant de mal à entretenir. Celui qui me permet un ultime contrôle sur moi. Et sur le reste. Celui qui régule mon humeur et me dit que tout va bien.
Contrôler. Cela occupe mes pensées. Mon corps, c'est le seul truc que je peux contrôler en ce moment. Alors j'y passe mes journées et je fais ça avec grand soin. Je m'applique à la tâche. Et je dois dire que c'est orgasmique.
Le voir partir c'est voir partir tous mes problèmes. C'est me voir exister.
Ne pas manger pendant quatre jours c'est voir jusqu'où je peux aller. Me dépasser. Dépasser les limites du physiquement possible.
Les crises de boulimie parfois et les heures passées au dessus des toilettes, c'est vomir ma souffrance. Tirer la chasse et c'est fini.

Hier soir, j'ai gardé Emilie. J'ai gagné 40€. Mes courses pour le mois. Et puis je suis rentrée dormir chez Papou et Manou. (Mes grands parents.) Je me suis réveillée à treize heures ce matin. Non, je n'étais pas très fatiguée.
Quand je suis rentrée hier soir et que j'ai vu Manou, j'ai pleuré. Parce que ma grand mère a perdu tous ses cheveux et qu'elle ne peut plus se faire de couleur alors le peu qui lui restent sont gris/blancs. Maman m'avait prévenue mais je pensais que comme d'habitude, elle exagérait le tout. Oui mais pas cette fois. J'aurais préféré pourtant.
Manou elle est blonde. Parce que je l'ai toujours connu comme ça. Ma grand mère, c'était la seule qui n'avait pas de cheveux gris. Parce que ma grand mère c'était la seule qui vieillissait pas.
Elle était extrêmement fatiguée. Je l'ai vu le 8 janvier pourtant. J'ai l'impression que ça fait des années.
Hier soir, je me suis rendue compte. J'ai prit la vérité en pleine face et ça fait mal. Ma grand mère n'est pas éternelle. J'ai pas envie qu'elle parte. Je veux qu'elle reste avec moi pour toujours. Et mon Papou aussi. Je veux qu'ils viennent à mon mariage et voient leurs arrières petits enfants. Je sais que j'ai de la chance de les avoir encore. J'ai pas eu besoin d'hier soir pour me rendre compte que mes grands parents je les aime plus que tout au monde. 
Mais le jour où ils seront plus là, ça sera une autre fin du monde.

Poupinette est en vie.

7 lettres.

Commentaires

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Par Etoiile.Celeste le Vendredi 18 février 2011 [19:06]
Pas jolies les côtes trop visibles =X
C'est bien joli de se surpasser, mais trouve donc un autre domaine que celui de se retenir de manger et de se faire vomir. Car si la mort de tes grands parents sera une certaine fin du monde, et je le comprends, ton suicide le sera tout autant pour eux.
Achète donc un pot familial de nutella ou p'tet même une grosse glace Häagen-Dazs (Naaah j'fais pas de pub *_*) que tu manges devant la télé. Miam *-*
Par abricot-sponge le Vendredi 18 février 2011 [19:16]
Il faut essayer d'avancer. L'auto-destruction, car c'est cela même, n'est pas avancer. Tu sais, pas plus tard que l'an dernier, je pesais à peine 40 kilos. Ma famille s'inquiétait, et moi je dépérissais, à vue d'oeil, à force de pleurer, de ne pas manger et de ne vomir que du vide au fond des chiottes. Mais malgré tout, je me sentais bien, du moins en apparence. J'ai également passé des années à m'auto-mutiler, me venger sur ce corps que je n'aimais pas mais qui était pourtant le mien. Sous les entailles et le sang qui en découlait, je le trouvais beau. Ca me soulageait la conscience, toute cette douleur que je m'infligeais, par l'auto-mutilation, les morsures ou les crises de vomissements intensives. C'est là, pour moi, que j'existais. Mes proches en étaient malades. Ma mère cherchait toujours ce qu'elle avait pu commettre comme erreur pour que j'en arrive là. Elle n'y était pour rien évidemment, c'était moi, le problème, et les choix que j'avais fait pour mon corps. Je me faisais du mal, pour éviter d'en faire aux autres. Puis, vint le moment où j'ai voulu arrêter de souffrir. Étant handicapée de naissance, j'estimais avoir assez souffert tout au long de ma vie, souffrance que je paye encore d'être venue au monde comme je suis, et que je payerai tout au long de ma vie. C'est justement pour éviter de souffrir, que j'ai arrêté tout ça. J'ai arrêté, non pas parce que j'en avais marre de me faire du mal, mais parce que j'ai fait pleuré ma mère et je l'ai fait douter, comme j'ai causé autant de peine aux personnes pour qui je compte. C'est ça le pire pour moi, je leur ai fait du mal et je les ai déçus. Je peine maintenant à reprendre tout ce poids que j'ai volontairement perdu. Et je regrette, je regrette tellement toutes ces années passées à me détruire. La vie est courte ma chère Kyra, il faut te battre pour t'en sortir. Ce que je te dis là ne sont que des mots, c'est sûr, mais c'est également une partie de ma vie. A présent je suis heureuse, car j'ai trouvé le moyen de m'accepter telle que je suis, même si j'ai parfois des envies de rechutes, je me suis battue pour m'en sortir et apprécier ma vie. Je te souhaite tout le courage qu'il est possible d'avoir. La vie est belle. Trop belle pour la gâcher et l'écourter.
Par Ebeth le Vendredi 18 février 2011 [20:19]
+ 1.
Mais tu le sais déjà.
Par LeblogdeTiti le Vendredi 18 février 2011 [22:13]
Je ne savais pas que tu étais si maigre que ça. Tant que tu ne tombes pas malade... fais attention à toi, mais je pense que tu es assez grande pour le savoir.
Par lancien le Samedi 19 février 2011 [8:57]
Tes grands parents t'aiment sûrement beaucoup. On décline avec la vieillesse, mais ce n'est pas parce qu'on perd les cheveux qu'on va forcément mourir.
Pour ce qui est de ta santé à toi, je vais t'écrire, car il faudrait peut être que toi aussi tu restes en vie et passe tes examens.
Par Soliworld le Dimanche 20 février 2011 [15:02]
Fais attention à toi, vraiment...La santé est la chose la plus précieuse que l'on doit préserver.

Prends soin de toi.
Par Lovely.Nights le Lundi 21 février 2011 [18:07]
J'ai la même impression quand je rentre chez moi et que je vois mon grand-père : il est vieux et ça se voit. Je ne m'étais jamais inquiétée pour lui mais maintenant je veux passer du temps avec lui, je le veux voir, je veux qu'il fasse les gros yeux, je veux qu'il me raconte des choses. Je ne veux pas réagir quand il sera trop tard.
Les cheveux de ta mamie sont tombés mais pas son coeur, elle est toujours là et je crois qu'elle a bien l'intention de rester encore un peu à tes côtés.
 

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