Quand j'étais petite, je rêvais de vivre chez moi. Faire ce que je veux. Me coucher à l'heure que je veux. Manger ce que je veux. Sortir quand je veux. M'acheter ce que je veux.
"Tu feras ce que tu voudras quand tu seras chez toi." Ca, c'est ce que maman m'a toujours répétée. Et puis c'est arrivé. J'ai déménagé. Parce que je l'aimais. Parce que ma mère le haïssait. Parce que j'avais besoin d'air. Parce que j'avais besoin de savoir ce que c'était la vie. La vraie.
C'est
peut être arrivé trop tôt, je sais pas. J'ai grandit trop vite,
surement. Mais je ne le regrette pas. Parce qu'au final, tout ça, ça m'a été plus que bénéfique. Tout ce qui m'est arrivée depuis 2008. C'est trop compliqué alors je garderais ça pour moi. Tout ce qu'il faut retenir, c'est que je ne regrette rien.
Sauf peut être deux/trois trucs. Vivre seule créé des manques. Des manques auxquels seule maman pourrait remédier. Alors oui, parfois ça me manque. Qu'elle ne me prépare plus de bons petits plats rien que pour moi après l'école. Qu'elle ne repasse plus mon linge avec sa maniaquerie démesurée. Qu'elle ne m'interdise plus de sortir la semaine. Qu'elle ne vienne plus dans ma chambre pour voir ce que j'y fais. Qu'elle ne tapote plus sur sa montre parce qu'il est trop tard et que je suis encore sur l'ordi. Qu'elle ne m'embrasse plus avant d'éteindre ma lumière. Qu'elle ne me prépare plus mon petit déjeuner. Qu'elle..
Ca fait plus d'un mois que je ne l'ai pas vue. Parce que ça fait plus d'un mois que je n'ai pas été chercher Poupinou à la gare. Elle ne m'a même pas encore donné tous mes cadeaux de mes vingt ans. J'en aurai vingt et un dans trois mois.
Alors forcément, quand je croise Pinou
(Ma soeur.) sur msn, c'est le drame.
"Maman t'embrasse." "On t'aime très fort." Ils sont tous si loin de moi. Ils me manquent tous les trois tellement fort. J'aimerais tellement leur dire tout ce que je les aime.
Alors forcément, quand je reçois un sms de maman, c'est le drame.
"Bon courage pour demain. Ta maman qui t'aime fort." J'aimerais tellement lui dire tout ce que je la remercie pour toutes les conneries qu'elle m'a laissée faire. Qui m'ont montrée ce que c'était la vie. La vraie. Qui m'ont faites grandir.
Quand j'étais petite, elle m'appelait
"Sa princesse des îles." Parce que j'avais les cheveux qui m'arrivaient aux fesses et qu'après le shampooing, elle me faisait des tresses sur mes cheveux mouillés pour que le lendemain, ils soient tout bouclés. Et je trouvais encore le moyen de râler. Parce que j'estimais que ça me faisait perdre du temps. Parce que je voulais regarder Blanche Neige et les sept nains.
Mais tout ça, c'est fini. Le temps a passé et depuis, j'ai grandi. J'ai grandi mais je sais qu'au fond d'elle, je serai toujours
"sa princesse des îles."