C'est pas que vous m'avez pas manqué. C'est juste que j'avais besoin de me déconnecter. Et encore, je trouve que j'ai pas résisté assez. Le problème c'est que j'ai peur de rater vos épisodes et c'est ce qui m'embête le plus dans l'histoire..
Je pense que je vais encore partir un petit temps, mais du genre longtemps. Pour les raisons que je vais vous expliquer dans le dernier paragraphe.
Le gâteau de riz de Poupinou était bon mais pas assez sucré.
Jeudi, après le travail, nous sommes partis nous promener dans le département avec des amis. J'ai retrouvé la plage malgré ce brouillard opaque qui dissimulait l'horizon. La plage, l'écume, les rochers, le sable. On a jeté des galets dans la mer comme des gamins de cinq ans mais on était bien. Il faisait froid, mais on était bien. J'ai senti l'odeur de la mer et j'ai fermé les yeux quelques instants et là, je me suis demandée ce que maman ressentirait lorsque je lui raconterai tout ça. Et l'odeur de cette nouvelle vie est venue me frapper en plein visage. Le matin j'étais au travail et l'après midi, je me retrouvais sur cette plage. Quelle est la proportion de gens sur cette planète qui vit ça ? Qui peut vivre ça ? C'était à ça que j'avais rêvé toute ma vie. Pouvoir être libre. J'étais heureuse.
J'ai reçu mon puzzle de la ballerine. Je pense le commencer dans les plus brefs délais.
Et là, on arrive au moment critique, au dernier paragraphe. Celui dans lequel je vais vous expliquer pourquoi j'ai fait une crise de larmes en rentrant du travail hier soir et que j'ai pas dormi de la nuit.
Ma journée de travail commençait on ne peut mieux et puis mon service ayant fermé, je suis descendue pour donner un coup de main aux collègues du bas. En chir ortho, il y avait suffisamment de monde donc je suis allée aider ma nouvelle collègue en chir viscéral. Elle galérait parce que c'était son premier jour pas doublé alors j'ai rattrapé les choses comme j'ai pu. J'avais un patient à sonder parce qu'il n'urinait pas. Je le fais puis au tour de 18h, il commence à faire des crises de spasmes. Sachant qu'il avait été opéré de la vessie et de la prostate, il pouvait y avoir des caillots dans la sonde. Et c'était le cas. Donc je prends le matériel nécessaire au décaillotage en quatrième vitesse mais le problème c'est que je n'y arrivais pas. J'appelle donc ma collègue de la chir ortho... qui n'est jamais venue. Elles étaient trois dans le poste de soin en train de ricaner et se foutre de ma gueule au lieu de venir à mon secours. J'ai donc finalement appelé le chir en urgence qui m'a incendiée en me demandant d'enlever la sonde au plus vite. (Je vous passe la conversation téléphonique parce que vous seriez choqué(e)s.) J'enlève la sonde et là, mon patient qui se vide de son sang. (Avec un beau malaise pour couronner le tout.) J'appuie sur la sonnette de la chambre du patient, personne n'est venu... (Alors que tout le monde savait que j'étais dans cette fameuse chambre.) Mon patient a failli mourir mais tout le monde s'en fout. J'ai finalement réussi à stopper l'hémorragie et après ça, je suis sortie vidée de la chambre. J'ai craqué devant tout le monde, personne n'est venu me soutenir. Personne.
Je suis juste écoeurée de voir la mentalité de mes collègues. Elles sont infirmières et aides soignantes, on fait un métier où on est proche de la personne, elle voit une collègue en galère, elles bougent pas un orteil. J'ai fuit la capitale pour fuir la mentalité parisienne et c'est pire ici. Je pensais jamais commencer ma carrière dans ces conditions, jamais. Et je n'ai aucun recours. Parce que ma cadre, (Ma patronne donc.) c'est une ancienne collègue à elles. Donc elles sont toutes de mèches. J'ai même apprit qu'elles avaient été jusqu'à aller la voir pour me faire virer. Les messes basses de plus en plus palpables. C'est juste un enfer. Alors je suis à bout, épuisée. Je donne tout ce que j'ai. Je veux bien me remettre en question, me dire que j'ai encore des milliers de choses à apprendre parce que je sors de l'école et que c'est le cas, tout ça mais quand je vois que je suis au bout de mes capacités et que ça va encore pas, je suis désespérée.
Je n'ai plus de jours après mardi. J'ai voulu garder la tête haute, avancer malgré les reproches mais là, je n'en peux plus alors j'en suis venue à espérer qu'elle me redonne plus de jours.
Voilà, c'était le moment de gloire de la journée. Maintenant que je me suis vidée un peu plus ici, je vais vous laisser. Ma petite soeur arrive mardi et repart samedi. C'est Poupinou qui ira la chercher à la gare parce que moi je suis de garde.
Je garde la tête haute, promis..
Après, tout le monde ne peut pas se le permettre, mais il y un moment ou il faut savoir, la tête haute, quitter le navire. Tu mérites de travailler dans de bonnes conditions. Mais si seulement c'était si simple...
Cornet de glace, mais bien droit et rien que pour toi, de la glace au courage et au chocolat (parce que tout de même on ne peut pas enlever le chocolat). Bisous Kyra ! ;)