Vendredi 10 décembre 2010 [16:54]

Peut être que dans un autre monde, on aurait réussi à s'aimer.

Peut être qu'on aurait réussi à s'écouter. S'écouter parler. De tout et de rien. Les soirs où on trouvait que le temps était trop gris pour aller se promener. Ecouter parler le coeur de l'autre quand il n'était plus assez grand pour contenir tous ces maux que l'on arrivait pas à se conter. S'écouter chanter notre amour. Ce soir là,  où, sous la pluie tu es venu me chercher parce que j'avais trop peur de rentrer seule après cette journée trop longue pour moi. S'écouter respirer. Quand on dormait collés et que l'on respirait trop fort parce que nos deux souffles étaient plus forts à deux. S'écouter pleurer. Tous ces hectolitres que je n'aurais pas dû verser.

Peut être qu'on aurait réussi à se comprendre. Comprendre que se regarder était la chose la plus fascinante, la plus éblouissante de tout l'univers. Se comprendre sans parler. Juste en laissant notre regard s'exprimer. On aurait peut être remarqué qu'il nous disait plus de choses que ce que l'on aurait pensé. Comprendre que quand tu me tendais la main, ce n'était pas forcément intéressé. Tu voulais juste sentir mon corps nu contre le tien. Comprendre que quand je partais, c'était pour que tu me cours après. Comme dans les films. Parce que j'ai toujours voulu être le héros. De tous les films sauf le mien.
Comprendre aussi toutes ces choses qu'on ne s'est jamais dites et qui pourtant sont si précieuses. Parce que c'était notre secret interdit. Parce que c'était tout ce qu'on ne voulait pas s'avouer par fierté.

Peut être qu'on aurait réussi à se pardonner notre passé imparfait. Celui qui a entaché notre présent et compromis notre avenir. Celui que tu ne connaissais que trop bien pour avoir partagé mes deux dernières années. Celui que l'on n'aurait jamais dû avoir en commun si on ne voulait pas se justifier. Celui que tu n'aurais jamais dû connaitre si je voulais faire de moi ta femme que tu mérites. J'aurais réussi à me reconstruire une image. Celle que tu voulais que je sois. Pour être sûre de te garder près de moi, rien que pour moi. Celui qu'on aurait jamais dû vivre si on voulait se laisser une chance d'exister. Nous. Nos deux corps qui ne faisaient qu'un quand tu me faisais l'amour. Avec une tendre force qui n'appartenait qu'à toi. 
 
Peut être qu'on aurait réussi à oublier la distance. Celle qui n'aurait jamais dû nous séparer. Physiquement. Celle qui rendait chaque jour plus difficile qu'il ne l'était déjà. Oublier que les kilomètres ne sont qu'un détail sur lequel on aurait pas dû s'attarder. Cette distance, on aurait dû s'en servir comme force et non comme une faiblesse. Qui nous rappelait trop souvent que non, tu ne pouvais pas dormir dans le même lit que moi un autre jour de la semaine que le vendredi ou le samedi. Elle aurait dû nous rendre plus fort. Nous donner la force d'affronter les cinq heures de train qui séparaient nos deux coeurs pour n'en faire plus qu'un.

Peut être qu'on aurait réussi à se parler. Se parler doucement. Juste en murmurant. Parce que je n'avais pas besoin de plus vu la distance qui nous séparait quand tu avais vaincu les cinq heures de train. Se parler en se regardant. Se redire tous ces mots qui rendaient mon coeur tachycarde. Tous ses mots interdits avant d'en comprendre le sens. Se parler sans que tu te mettes à rouspéter parce que j'avais tort de croire que je ne t'apportais rien. Se raconter nos absences prolongées. Rattraper des mois entiers partagés par messages différés. Se dire les choses, de la manière la plus belle et simple qu'il soit. Pour enfin mettre des mots sur nos maux.

Peut être qu'on aurait réussi s'embrasser. S'embrasser partout où on allait. Sous la pluie. Sans que cela ne mouille davantage nos lèvres parfumées. S'embrasser comme dans les films américains. En boycottant la comédie et en la remplaçant par nos vrais sentiments. S'embrasser comme deux adolescents boutonneux qui n'ont pas honte d'être découverts. Cesser de se cacher pour exister. S'embrasser en oubliant tous les mensonges qu'on s'est avoué. S'embrasser deux fois. Parce qu'on avait oublié la première. S'embrasser en comptant les jours jusqu'à la prochaine fois. S'embrasser à la volée. Comme si c'était la dernière fois. 

Peut être qu'on aurait réussi à se croire. Se croire lorsque l'on se disait qu'on ne se mentirait jamais. Parce que mentir, c'est les autres. Pas nous. Non. Pas nous. Se croire si on avait prit le temps de penser à notre histoire. Se croire si l'on avait cessé de se justifier. Peut être que tu aurais fini par me croire quand je te disais que tu étais l'homme de ma vie. Peut être que j'aurais réussi à te croire quand tu me disais que tu étais fier de nous. Peut être qu'on aurait réussi à se croire. Quand on se disait que l'on ne se quitterait plus jamais cette fois.

Peut être qu'on aurait réussi à faire semblant. Faire semblant de ressembler à tout le monde. Parce que tout le monde est dehors ce que tout le monde n'est pas à l'intérieur. Les apparences. Faire semblant d'être heureux comme prétendent tous ces couples qui tiennent leurs promesses depuis le jour où ils ont prononcé cette phrase dont ils n'imaginaient pas l'ampleur des conséquences. Faire semblant d'attendre quelque chose dont on savait tous les deux qu'elle ne viendrait pas.
 
Peut être que dans un autre monde, on aurait réussi à ne pas s'étouffer.

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Commentaires

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Par Le.bolide le Vendredi 10 décembre 2010 [23:31]
Ca m'effraie, est-ce que tu vas bien ?
Par amnitkyaneela le Samedi 11 décembre 2010 [11:12]
Oui moi aussi ça m'effraie. J'ai peur qu'il soit arrivé quelque chose de grave ? Mais la catégorie "vie inventée" me redonne un peu d'espoir.
<3
Par littlestarintheskin le Samedi 11 décembre 2010 [16:01]
Finalement c'est surement sa aimer, savoir tout de l'autre, ses pires défauts, son passé sulfureux, connaitre des plus grandes failles. Et continuer de l'aimer tout autant que quand on l'idéaliser... Peut être que c'est sa aimer...
Par Heart-In-Throat le Jeudi 12 juillet 2012 [10:47]
C'est effrayant ! Tu es pleine "d'imagination" réelle en fait :o Mais c'est transperçant... !
 

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