Parce qu'avant d'écrire au grand jour, j'écrivais dans la petite ombre. Et quand je relis ça, je me rends compte que je suis dépressive depuis plus longtemps que ça.
Et surtout, que rien n'a changé.
Et surtout, que rien n'a changé.
9 septembre 2009.
THESE ANTITHESE FOUTAISE
C’est l’heure du bilan. J’ai le mal de mère. Le seul truc positif dans l’histoire c’est que mon frère et ma sœur sont couchés. Ils ne vont pas tarder à s’endormir. Loin de tout ça. Parce que tous les soirs, je les berce de mensonges avec l’espoir qu’au petit matin, ils deviennent réalité. Et comme d’habitude depuis deux jours déjà, demain je les réveillerai avec un bisou dans le cou. Mon frère voudra son bol de chocolat et sa tartine de confiture tandis que ma sœur prendra un bol de céréales. J’ai pris un instant pour m’écrire ceci avant de m’endormir parce que demain c’est rendez vous pédagogique donc c’est 8h30 au lieu de 9. Ca m’aurait étonnée. Je pleure mais personne ne me voit parce que Xavier est parti fumer. Et que papa est parti tout court.
Contre coup. J’ai d’un coup plus la force de gérer ce que je gérai très bien avant. Je ne dirai pas que j’ai peur pour mes études parce que ça serait trop égoïste de ma part et que je l’ai pensé juste pour l’écrire, pour que ça fasse joli. Alors maman, je suis là. Mais demain, quand tu reviendras de cette chambre froide en m’assurant que tu es à nouveau assez forte pour reprendre les rennes, que va-t-il se passer ? Tout recommencera dans deux semaines. Trois, si tu as de la chance et que ton corps te donne un sursis. Je me suis surestimée quelques temps en me disant que ça passerait. J’avais conscience que se serait dur mais pas autant. Pas si vite. Pas maintenant.
Regard des autres. Le matin, j’enfile ma carapace impénétrable. Lourde à porter mais qui me promet, elle, de ne jamais manquer à son devoir. Autrement dit, celui de me protéger contre les questions habituelles mais auxquelles tout le monde a fini par se fiche de la réponse. Fallait juste la poser cette question. Ca fait parti du programme de la journée. Ca va ? Oui et toi ? Et la journée passe. Toujours à cette place en haut à gauche de l’amphi. Seule et tellement bien. Là où personne ne me verra si jamais mes yeux perdaient le contrôle. Je fais ma vie. Après tout, je ne suis pas là pour me faire des ami(e)s. Prendre le cours et rentrer. Le plus vite possible pour ne pas être repérée. Et le soir quand je me réserve deux minutes en essayant de faire le vide (Mission impossible.), je la retire cette carapace qui m’a quand même pas mal aidée aujourd’hui. Mais je la retire doucement, pas complètement parce que depuis hier, j’en ai deux à protéger. Il ne faut pas qu’ils me voient, il ne faut pas qu’ils sachent. Qu’au fond tout va mal. Je n’aurai le droit de m’abandonner à mes pleurs que le soir venu lorsque ma chambre sera fermée à triple tours, cachée sous ma couette. Et que personne ne me verra, ni ne m’entendra. Sauf peut être toi, doudou.
Tout claquer. Là, maintenant, tout de suite, j’ai envie de tout envoyer en l’air. Partir loin, très loin. Là d’où je ne reviendrai jamais parce que je sais que le retour sera encore plus dur que la situation actuelle. Et pis se serait trop égoïste de ma part parce que j’espère au fond qu’au moins une personne sur cette terre a encore besoin de moi. Même si c’est juste pour se reposer sur mon épaule et pleurer. En fait, j’espère juste ça. Rien de moins. Mais se serait encore trop facile. Fuir. Tout ce que tout le monde affronte : les problèmes.
Pourquoi je mets autant de temps à écrire ?
9 septembre 2009. Encore une occasion de penser à toi plus que les autres jours. Je ferme mes yeux et je te vois encore. Toi qui souriais toujours, même pour me dire que tu ne pleurais pas et qu’ensemble, on y arriverait.
Tout va bien. J’ai que dix neuf ans. J’ai aucun problème. Pas d’enfants à charge. Et pourtant.. dans ma tête, j’ai l’impression d’en avoir soixante dix. C’est dur d’imaginer que « demain sera meilleur ». Comment s’imaginer que ces prochaines années seront plus belles ? Comment s’imaginer qu’on vit le plus dur quand on est plus jeune ?
Envie. J’aimerais tellement que ceci ne soit qu’une histoire inventée. Mais j’ai bien peur que celle ci soit tellement autobiographique que je n’arriverai pas à en écrire la fin. Et pourtant j’aime tellement ça : lire des romans autobiographiques. Comme si « ça n’arrivait qu’aux autres ».
J’ai pas fini de raconter cette histoire mais j’y arrive plus.
Mon papa me dit souvent, plus tu tombe pas, plus tu remontrera haut, parce que la vie marche comme une balle de tennis, plus tu la lance de haut, plus elle rebondit pour remonter le plus haut possible.