C'était pas plus tard que lundi. Poupinou devait se lever à 5h30 pour prendre le train à 7h donc j'étais plus que motivée pour me lever et me rendre à Pôle Emploi, bien décidée à obtenir une aide quelconque. A 6h30 j'étais debout, à 8h30 je partais l'appartement nickel chrome. Equipée de mon plan Mappy qui indiquait deux kilomètres soit environ trente minutes à pied, j'ai galéré comme une conne avec des pentes à 70 degrés, des rues non indiquées et des minis trottoirs avec des voitures qui te frôlent à 90km/h.
Quarante cinq minutes plus tard, me v'là arrivée. Déjà là, j'ai stressé à mort, j'avais envie de fumer comme c'était pas permis, je transpirais de la tête au pieds. Dix minutes plus tard, je suis
Mon tour est quand même arrivé, j'ai expliqué ma situation en trois secondes chrono: "Bonjour, j'ai 22 ans, je suis sans emploi depuis le 20 avril 2012. J'ai besoin d'aide." Et elle, en trois secondes chrono, elle a ruiné tous mes espoirs que j'ai mit presque deux semaines à m'en convaincre. Je n'ai droit à .. rien. RSA/RMI (Revenu de Solidarité Active.), ARE (Aide au Retour à l'Emploi.), PQ, VTF², WTF, OSEF, CTB, DTC, .. QUE DALLE ! Parce que pour le RSA, il faut avoir 25 ans et si tu les as pas, il faut avoir quatre gosses, avoir bosser un certain nombre d'heures que j'ai carrément pas. Et là mon cerveau s'est mit en ébullition, ayant une mémoire visuelle, j'ai checké ma demande d'ASSEDIC que j'avais calculé la veille et le constat est sans appel: je n'ai le droit à rien si ce n'est d'aller me faire enculer profond par un australopithèque. Elle m'a proposé des formations toussah mais c'est pas ce que je demande dans ma situation.. C'est carrément inapproprié.
J'ai un putain de diplôme d'infirmière de fuck ta race que j'ai mit trois ans et demi après mon bac pour obtenir, j'en ai chié comme c'est pas imaginable, j'ai mit ma vie familiale, sociale, sexuelle et j'en passe entre parenthèse pendant tout ce temps si bien que je n'ai pas d'ami(e)s mis à part ma meilleure amie que je connais depuis bien plus longtemps que tout ça et N. mon seul ami de promo qui m'a jamais laissé tomber. Je m'accordais juste les weekend avec Poupinou. Et tout ça pour quoi ? Rien.
Aujourd'hui, je suis dans une merde internationale et personne ne peut m'aider. J'ai retenu mes larmes jusqu'à la sortie, j'ai couru comme une conne que les gens ont dû me prendre pour une désinternée et je suis partie. J'ai tenté d'appeler ma mère, en vain. Alors j'ai chialé toute seule pendant les quarante cinq minutes du retour. Je crois que je me suis jamais sentie aussi seule de toute ma vie, aussi désemparée, aussi vide. J'avais encore cet espoir là. Je demandais même pas d'argent ou si peu, je voulais juste qu'on m'aide. Je voulais juste qu'on trouve une issue à tout ça.
Alors forcément, j'en veux à la terre entière, y compris à tout ceux qui n'ont même pas leur bac, qui se pointent avec cinq gosses sous les bras et qui gagnent plus que c'que moi je vais gagner même quand j'aurai du travail. Forcément, j'me demande dans quel monde je vis. Forcément, j'me demande c'que j'ai fait pour mériter ça ou plutôt c'que j'ai fait pour rien mériter. Forcément, si j'avais eu une bombe intercosmique sur moi, j'aurais pas mit longtemps à la faire exploser. Et forcément, je trouve tout ça tellement injuste..
Déjà, merde, je compatis carrément. Ensuite, tu cherches du boulot ou de l'argent que l'on te dois?
Le truc pour les jeunes qui marche pas mal c'est les ML les "Missions locales", des sortes d'interim pour les jeunes jeunes, plus personnalisé et plus proches de toi. Y en a dans toutes les villes normalement, ils peuvent t'aider et te soutenir.
Essaye de voir pour toi...
Force et Courage car je crois que la sale journée d'aujourd'hui t'as tout pris de ce qu'il te restait.