Hier soir, j'ai fait ma première maraude à la Croix Rouge avec le Samu social. Et j'ai passé un moment très agréable, humain et plein de rencontres.
Nous étions quatre. Trois hommes et moi. Avant de partir, nous préparons tout ce qu'il nous sera éventuellement nécessaire. Autrement dit: Une trousse de premiers secours, un DSA (=Défibrillateur Semi-Automatique), deux trousses de soins avec dans chacune quelques kits d'hygiène, du café, du thé, de la soupe, un thermos d'eau chaude, couverts et assiettes.. Une fois tout ça prêt et checké, nous appelons le 115 pour leur signaler que nous partons.
Puis nous chargeons le camion et c'est parti mon kiki. Et on fait tous les secteurs de la ville susceptibles d'être occupés. On vérifie les toilettes publiques, les quais de gare, les halls d'immeuble, les coins de rue.. Au début nous étions tous groupés puis on s'est séparés en deux groupes. L'un a fait le haut de la ville et l'autre le bas.
Lorsque nous rencontrons des gens, on leur propose à manger, à boire, un kit d'hygiène. On discute avec eux. Et on essaye de leur décrocher un sourire.
Une fois tout ça fait, nous nous sommes arrêtés à un endroit et nous avons attendu. Et là, les habitués arrivaient, par dizaine. Parfois ne demandant rien si ce n'est un peu de chaleur humaine, une écoute, un conseil. Et puis en discutant avec les gens, on se rend compte que ça peut arriver à n'importe qui. C'est comme ça que j'ai appris que la petite dame complètement démente qui déambule dans les rues de la ville avec un cabas et qui ramasse tout ce qu'elle trouve par terre était clerc de notaire, elle avait un mari, des enfants et qu'un jour, elle a pété un plomb et a tout quitté. Aujourd'hui, elle dort sous les ponts, est suivie en psychiatrie et n'aligne pas deux mots.
Il y a des tas de choses que nous n'avons pas le droit de faire. Comme enjamber une barrière, dépasser notre secteur, aller dans les squats, nettoyer une plaie, etc.. Nous devons appeler le 115 qui lui, gère la crise. Il y a d'ailleurs une formation obligatoire où je me suis inscrite pour le mois de septembre à faire et qui délimite justement notre rôle.
En cas de déclenchement grand froid ou canicule, on s'engage à être appelé à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Et dans ce cas, les maraudes se font tous les jours et plus qu'une seule fois par semaine.
Puis on rentre, on rappelle le 115 en leur faisant un rapport détaillé de ce que nous avons fait.
J'étais fière avec ma tenue orange fluo, j'attirais le regard, le sourire et parfois même un "Bonsoir" des touristes curieux. Mais j'étais surtout fière d'être là pour les autres, de leur apporter ce qu'ils recherchent sans jamais le trouver, un peu de réconfort, d'écoute et d'attention. Bien sûr qu'il y en aura toujours qui refuseront notre hospitalité. Mais notre rôle n'est pas de les obliger à quoi que ce soit mais simplement de leur faire savoir que nous sommes là.