Ce soir, je viens me confesser. Parce que oui, mon futur métier, c'est toute ma vie mais il faudrait que j'arrête parfois de croire qu'il est parfait. Et que je le suis aussi.
Parce que oui, il y a tout ce que je vous raconte. Toutes ces choses qui n'ont pas de prix, qui ne s'expliquent pas, ces liaisons interdites, ces satisfactions personnelles et ce côté wonderful parce qu'être infirmière c'est le rêve de toute petite fille qui se respecte.
Mais il y a aussi le côté obscur de la chose. Ca dépend des services, il faut dire ce qui est.
Je rencontre des gens formidables. Malades mais formidables. Parce que derrière leur maladie, il y a des êtres humains. Comme vous et moi. Alors avec eux, c'est un plaisir de travailler, les choses se font naturellement et je serais prête à me faire engueuler pour eux. Parce que j'en fais trop.
Et puis il y a les autres. Ceux qui arrivent à me faire perdre patience, à me pousser à bout. Parce que oui, ils existent.
Parce que reposer une sonde urinaire tous les jours parce qu'elle a été arrachée, c'est pénible. Répéter trois mille fois les mêmes choses, c'est saoulant. Retrouver quelqu'un avec du caca partout sur les mains, les bras et jusqu'en haut du dos alors qu'on vient de le changer, c'est rageant. Essayer de rassurer quelqu'un qui veut des ciseaux et sauter par la fenêtre et qui t'écoute, par conséquent, absolument pas parce qu'il pleure et hurle, c'est épuisant. Alors oui, il m'est arrivé de m'énerver contre ces gens là et d'hausser la voix. Parce que j'ai perdu patience. Parce que j'ai atteint mes limites.
Mais tous les gens dont je viens de vous parler au dessus sont décédés. Tous. Et pour tous, j'ai chialé comme une conne. Parce que vous n'imaginez pas toute la culpabilité qui s'empare de vous.
Mais il est trop tard. Parce que c'est toujours après qu'on réalise. Qu'on se rend compte qu'on a été trop loin.
Parce que tous ces gens, avant d'être malades, c'étaient des êtres humains. C'est pas de leur faute s'ils sont devenus comme ça. C'est souvent neurologique et ils ne se rendent plus compte. Le monsieur que j'ai retrouvé dans son caca et dans son pipi, il avait juste pas compris qu'il avait une sonde urinaire et qu'il fallait pas toucher la poche sinon, ça inondait le lit. Et j'avais beau lui répéter tous les jours, lui montrer, les démontrer par x et y qu'il risquait pas de faire pipi dans son lit puisque ça se collectait tout seul, bah non. Et puis un jour, il a tout arraché. Et là, je me suis énervée. Parce que j'ai pas compris pourquoi il avait fait ça alors que chaque jour je mettais toute mon énergie à lui expliquer. Et en fait, j'ai juste pas accepté sa maladie. Parce que oui, le déni pour les soignants, ça existe aussi. J'avais juste pas compris que j'aurais beau lui expliquer, il n'enregistrerait pas.
Je ne me cherche pas d'excuses parce qu'il y en a pas mais c'est comme ça.
Et aujourd'hui, je regrette tous ces accès de colère. Toutes ces fois où ma patience a dépassé ses limites. C'est humain vous allez me dire. Mais quand on est soignant, on est censé savoir contrôler et gérer ces choses là. C'est pour ça que jamais je pourrai travailler avec les personnes âgées. Parce que c'est pas que je n'ai pas de patience. C'est juste que je n'accepte pas (encore ?) que les gens vieillissent et perdent leurs capacités mentales.
Ce soir, je quitte définitivement mon service avec beaucoup de regrets et de culpabilité.
Parce que oui, il y a tout ce que je vous raconte. Toutes ces choses qui n'ont pas de prix, qui ne s'expliquent pas, ces liaisons interdites, ces satisfactions personnelles et ce côté wonderful parce qu'être infirmière c'est le rêve de toute petite fille qui se respecte.
Mais il y a aussi le côté obscur de la chose. Ca dépend des services, il faut dire ce qui est.
Je rencontre des gens formidables. Malades mais formidables. Parce que derrière leur maladie, il y a des êtres humains. Comme vous et moi. Alors avec eux, c'est un plaisir de travailler, les choses se font naturellement et je serais prête à me faire engueuler pour eux. Parce que j'en fais trop.
Et puis il y a les autres. Ceux qui arrivent à me faire perdre patience, à me pousser à bout. Parce que oui, ils existent.
Parce que reposer une sonde urinaire tous les jours parce qu'elle a été arrachée, c'est pénible. Répéter trois mille fois les mêmes choses, c'est saoulant. Retrouver quelqu'un avec du caca partout sur les mains, les bras et jusqu'en haut du dos alors qu'on vient de le changer, c'est rageant. Essayer de rassurer quelqu'un qui veut des ciseaux et sauter par la fenêtre et qui t'écoute, par conséquent, absolument pas parce qu'il pleure et hurle, c'est épuisant. Alors oui, il m'est arrivé de m'énerver contre ces gens là et d'hausser la voix. Parce que j'ai perdu patience. Parce que j'ai atteint mes limites.
Mais tous les gens dont je viens de vous parler au dessus sont décédés. Tous. Et pour tous, j'ai chialé comme une conne. Parce que vous n'imaginez pas toute la culpabilité qui s'empare de vous.
Mais il est trop tard. Parce que c'est toujours après qu'on réalise. Qu'on se rend compte qu'on a été trop loin.
Parce que tous ces gens, avant d'être malades, c'étaient des êtres humains. C'est pas de leur faute s'ils sont devenus comme ça. C'est souvent neurologique et ils ne se rendent plus compte. Le monsieur que j'ai retrouvé dans son caca et dans son pipi, il avait juste pas compris qu'il avait une sonde urinaire et qu'il fallait pas toucher la poche sinon, ça inondait le lit. Et j'avais beau lui répéter tous les jours, lui montrer, les démontrer par x et y qu'il risquait pas de faire pipi dans son lit puisque ça se collectait tout seul, bah non. Et puis un jour, il a tout arraché. Et là, je me suis énervée. Parce que j'ai pas compris pourquoi il avait fait ça alors que chaque jour je mettais toute mon énergie à lui expliquer. Et en fait, j'ai juste pas accepté sa maladie. Parce que oui, le déni pour les soignants, ça existe aussi. J'avais juste pas compris que j'aurais beau lui expliquer, il n'enregistrerait pas.
Je ne me cherche pas d'excuses parce qu'il y en a pas mais c'est comme ça.
Et aujourd'hui, je regrette tous ces accès de colère. Toutes ces fois où ma patience a dépassé ses limites. C'est humain vous allez me dire. Mais quand on est soignant, on est censé savoir contrôler et gérer ces choses là. C'est pour ça que jamais je pourrai travailler avec les personnes âgées. Parce que c'est pas que je n'ai pas de patience. C'est juste que je n'accepte pas (encore ?) que les gens vieillissent et perdent leurs capacités mentales.
Ce soir, je quitte définitivement mon service avec beaucoup de regrets et de culpabilité.